À l’occasion du symposium RESUMES tenu ce samedi à l’UCL, médecins et experts ont plaidé pour une approche globale de la prévention en santé. Une consultation annuelle gratuite, la réduction de la consommation de sucre et un meilleur accompagnement des patients en santé mentale figurent parmi les priorités discutées.
Des médecins généralistes, des spécialistes, un directeur d’hôpital, de nombreux chefs de service... 350 personnes étaient présentes ce samedi à l’UCL dans le cadre du symposium prévention de RESUMES. La Dre Audrey Bonnelance, médecin généraliste à Bruxelles, cofondatrice de l’asbl RESUMES, composée de 36 disciplines de soins, insistait sur l’importance d’avoir une union des disciplines pour une prévention globale de la santé. « La prévention doit être au cœur des pratiques. Il faut explorer des solutions concrètes à des problématiques complexes. Nous avons un rêve : une consultation annuelle préventive gratuite pour les patients, de 30 à 45 minutes, qui parcourrait les 10 items de la prévention : santé mentale, addiction, activité physique, alimentation, santé au travail, déprescription chez la personne âgée, etc. Cette consultation permettrait au patient d’avoir un meilleur remboursement de toutes ses dépenses en soins de santé de l’année. »
Trop de suicides
Parmi tous les sujets abordés, la question de la santé mentale est centrale, au vu des besoins de la population. Pour le Dr Philippe Vansteenkiste, psychiatre, il y a urgence : « Une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. Dans 15 à 20 % des cas, la dépression devient chronique. Les traitements sont efficaces dans 70 % des cas, mais 30 à 68 % des patients arrêtent leur traitement après trois mois. »
Il a aussi rappelé que la prise en charge ne doit pas être uniquement pharmacologique : « Par exemple, l’activité physique réduit les symptômes de dépression et les risques de rechute. Nous devons pouvoir travailler en équipe sur cet aspect autour du patient. »
Le Dr Vansteenkiste a interpellé les autorités : « Il est essentiel de rendre les consultations plus accessibles et de valoriser l’acte intellectuel et les temps de concertation. » Il a abordé un autre aspect, plus sombre, de la dépression : « Il s’agit d’une maladie potentiellement mortelle : 5 à 20 % des patients se suicident. »
La prévention dès la naissance
Pour sa part, Virginie Pauwels, spécialiste en dentisterie pédiatrique, a lancé un appel aux pédiatres et aux généralistes sur la réduction de la consommation de sucre : « La carie est la maladie non transmissible la plus fréquente dans le monde. Les problèmes dentaires peuvent avoir de nombreux impacts sur les patients : faible estime de soi, troubles alimentaires, troubles du comportement, absentéisme, bruxisme, apnée du sommeil... Les généralistes et les pédiatres doivent insister auprès des parents pour que la première visite chez le dentiste ait lieu avant l’apparition de la première dent. Il s’agit d’une question de santé publique pour les enfants et aussi de coût pour notre système de santé et les familles. En effet, le nombre d’interventions et le coût de la prise en charge sont moins importants pour les enfants pris en charge précocement. Il est aussi essentiel que les généralistes insistent sur la réduction de l’apport en sucre à moins de 5 %, soit 25 grammes (environ six cuillères à café) par jour. »
Elle a aussi attiré l’attention des généralistes et des pédiatres sur la qualité des dentifrices vendus en pharmacie et dans les grandes surfaces : « Il faut un brossage biquotidien avec un dentifrice contenant au minimum 1000/1450 ppmF. Certains dentifrices aujourd’hui vendus sont encore insuffisamment fluorés. »
La réforme de la première ligne
Présent, le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, a été interpellé à de nombreuses reprises par les différents orateurs pour qu’il pose rapidement des gestes forts et concrets en matière de prévention. Même s’il est loin d’avoir toutes les cartes en main, il a souligné l’importance de « la multidisciplinarité pour mieux soigner le patient ». Il a aussi rappelé que « le Plan wallon pour la prévention et la promotion de la santé (WAPPS) et la réforme de la première ligne visent à agir concrètement en amont, notamment auprès des publics les plus vulnérables. Les inégalités sociales de santé restent trop marquées. »
Il faudra plus que des mots pour que les médecins présents soient convaincus dans les mois qui viennent...