La crise a donné un coup d’accélérateur à la pratique à distance. Conférer une place à la télémédecine dans le paysage des soins faisait partie d’une réflexion amorcée bien avant la crise, qui reprend de plus belle à l’Inami en cette rentrée. Mais les spécialistes sont-ils demandeurs d’une pratique sans contact physique?
Côté patients, en tout cas, certains ont pris le pli des solutions à distance permises durant la crise (outre les téléconsultations pour continuité des soins, des renouvellements d’ordonnances voire des certificats sans se déplacer). Selon 43,5% des répondants, bien que l’activité présentielle ait repris depuis de longues semaines, des gens continuent à réclamer ‘parfois’ ce genre de facilités.
A la question de savoir si les médecins spécialistes (MS) francophones sont personnellement favorables à ce que l’on pérennise les téléconsultations que l’Inami a exceptionnellement autorisées, c’est le ‘oui’ qui l’emporte à 45% des suffrages. Mais le camp des non n’est pas si loin (34% d’opposition), et 21% se tâtent. Le sondage était aussi porté par Medi-Sphère, notre média pour généralistes. Chez ceux-ci, il y a 62% de médecins favorables à la poursuite des téléconsultations.
Philippe Devos, président de l’ABSyM, souligne que le téléphone n’offre pas la forme la plus aboutie de téléconsultation. Une vidéo est déjà plus parlante. Les MG ont vu dans la téléconsultation une bouée de survie, quand le confinement empêchait l’exercice en présentiel, et un outil pour faire du suivi et du coaching de compliance à l’isolement, dit-il. «Mais ça ne fonctionne évidemment pas dans toutes les spécialités. En plus, pour des raisons RGPD, certains hôpitaux avaient bloqué les possibilités de faire de la vidéo-consultation.»
Un média anti-renoncement
L’ABSyM est pour l’élargissement quand la téléconsultation amène la même qualité de soins, poursuit-il. « Au médecin de juger. Si c’est insuffisant, il doit faire une consultation. Des études ont montré, aux USA, que la psychiatrie était faisable à distance ou qu’en chirurgie, le suivi vidéo post-opératoire de plaies pouvait amener des bénéfices. Maintenant, il faut calibrer l’outil, et ne pas oublier que c’est ‘juste’ un média. Le coronavirus est sans doute là pour longtemps. On peut imaginer qu’il fera des poussées épidémiques annuelles durant lesquelles certains patients, notamment âgés, vont reporter des soins par peur de la contamination. La vidéo pourrait compenser ce réflexe. Ce sera comme une main tendue.»
Figure: Êtes-vous personnellement favorable à ce que l’on pérennise les téléconsultations que l’INAMI a exceptionnellement autorisées lors de la première vague?
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