Un anesthésiste a été convoqué cette semaine devant les tribunaux à la suite du décès d’une fillette de 11 ans, survenu à l’hôpital de Wetteren. Sa présence/son absence au cours de l’anesthésie qui a coûté la vie à la jeune patiente était au centre des débats.
La fillette est en effet décédée sur la table d’opération après sa mise sous narcose, alors que l’anesthésiste avait brièvement quitté la salle. C’est justement de cette absence que le médecin a dû se justifier devant le juge, l’enfant ayant développé une réaction allergique sévère aux médicaments administrés pour l’endormir. Victime d’un phénomène de choc rarissime, elle est décédée peu après, alors que l’anesthésiste s’était éclipsé pendant moins de deux minutes.
L’intéressé a déjà été acquitté une première fois par le tribunal de Termonde. La Cour de Gand, qui doit se prononcer sur son sort d’ici au 28 novembre, rendra vraisemblablement le même jugement. Le lien causal entre sa brève absence et le décès de la jeune patiente est en effet difficile à établir avec certitude… mais la présence du spécialiste au bloc opératoire au cours de l’anesthésie n’en reste pas moins pour la profession une question extrêmement délicate.
La problématique avait été déjà été abordée l’année dernière au cours d’un congrès BSAR/APSAR, après que l’inspection des soins flamande ait laissé entendre dans un rapport qu’aucun anesthésiste n’était présent dans 2% des salles d’opération visitées. Un hôpital sur sept était en défaut.
Dans les faits, ce constat doit toutefois être nuancé. L’anesthésiste peut en effet parfaitement quitter les lieux s’il confie la surveillance du malade à un infirmier compétent formé à cet effet (skilled person), même si les règles élémentaires de sécurité exigent qu’il ne s’éloigne pas trop et s’il reste seul responsable de l’anesthésie (art 2.09), a souligné Marc Moens dans son rapport annuel 2015. «L’inspection flamande a couplé cet article à un autre (art. 2.07), qui stipule que l’anesthésiste peut quitter la salle d’opération pour aller prêter main-forte à ses collègues en cas d’urgence vitale (arrêt cardiaque) dans une autre salle.»
Texte de consensus
Au cours du congrès BSAR/APSAR, les anesthésistes ont planché sur une nouvelle interprétation de cet article 2.09 et approuvé un texte de consensus à ce sujet. L’administration s’est ralliée à cette position de la profession. Les exigences rigoureuses qui s’appliquent à l’anesthésie simultanée et la présence continue de l’anesthésiste doivent être réexaminées, avait déclaré à l’époque Lieven Wostyn. «Au final, il y a obligation de moyens mais pas de résultat.»
Reste à voir si le tribunal de Gand rejoindra cette vision des choses…