Un front commun d’une envergure inédite (Fag, FAMGB, GBO-Modes, Absym/BVAS, Domus, AADM, ASGB, Wachtposten Vlaanderen, SVH) clame son indignation face au gel brutal de 10,2 millions servant le développement des postes médicaux de garde (PMG). Les protestataires attendent beaucoup d’une rencontre avec Maggie De Block ce jeudi. Des actions ne sont pas exclues si le face-à-face n’est pas concluant.
Après un bref rappel de la saga du budget santé 2016, les représentants wallons, bruxellois et flamands de la profession martèlent dans un communiqué conjoint que «le développement des PMG sur tout le territoire belge doit être une priorité pour nos gouvernants». Renforcer la première ligne en dehors des heures ouvrables et en accroître la visibilité répond selon eux à deux objectifs. Il s’agit primo d’optimaliser l’articulation entre lignes faisant que le patient qui s’adresse aux secours médicaux est pris en charge «avec les meilleurs soins au meilleur endroit, par le prestataire le plus adéquat au moment le plus opportun». Secundo, il en va d’un rehaussement de l’attrait du métier de MG par l’amélioration des conditions de travail (assurance de davantage de sécurité et optimalisation de l’équilibre vie privée-vie professionnelle) «par la diminution du nombre nécessaire de généralistes de garde».
Ce qu’a décrété la ministre de tutelle ces derniers jours va «totalement à l’encontre de ces deux objectifs, en hypothéquant la couverture en PMG sur tout le territoire belge pendant le weekend et en soirée de semaine», déplorent les forces vives de la médecine générale du nord comme du sud, syndicats et cercles mélangés. «Le médecin généraliste de garde se préoccupe plus du patient que la Ministre Maggie De Block.»
Les signataires font observer que le corollaire de cette prise en charge efficace du patient est le déploiement du 1733, très laborieux à ce jour. «La responsabilité de nos gouvernants est fortement engagée dans la lenteur de ce processus. Les généralistes ne peuvent attendre la couverture de tout le territoire par le 1733 avant d’avancer dans le développement des PMG.»
Les organisations insistent sur «l’amertume, la déception et la colère» qui règnent dans leurs rangs, après avoir constaté «qu’une ministre [puisse] balayer unilatéralement et sans aucune concertation préalable des accords déjà établis». Les syndicalistes se demandent à quoi cela rime encore d’aller négocier des accords qui peuvent être bafoués ultérieurement par la ministre. La sphère des cercles regrette que les mesures préconisées réduisent à néant les centaines d’heures de travail remarquable abattu souvent bénévolement par des confrères pour redessiner leur dispositif de garde local. Que reste-t-il, dans ces conditions, de la motivation, de la confiance envers les dirigeants? En chœur, les signataires revendiquent que «le principe fondamental d’une concertation entre les pouvoirs publics et les acteurs de terrain soit réinstauré et respecté».
«Entretemps, la Ministre Maggie De Block, grâce à nos interventions, a fait partiellement marche arrière: le Conseil des Ministres a décidé vendredi dernier, le 23 octobre, d’octroyer un certain budget pour le financement des frais d’installation des PMG dont la demande a été déposée à l’Inami avant le 12/10/2015», précisent les protestataires. Ils attendent avec impatience la rencontre programmée ce jeudi (le 29 octobre) avec la ministre, d’où ils espèrent tirer de plus amples explications sur les critères qui permettront de financer néanmoins ces projets bien avancés.
On les sent sur la défensive, prêts à renouer avec les réactions combatives que ce (premier?) geste ministériel a quelque peu calmées: «si cette rencontre n’aboutit pas à un engagement d’un soutien ferme au développement rapide de la garde en médecine générale et plus largement à un soutien ferme à la première ligne de soins dans sa multidisciplinarité et son rôle dans le traitement des malades atteints de maladie chronique, des actions de la part des médecins ne sont pas exclues».