La situation des jeunes médecins au Royaume-Uni semble catastrophique. Une enquête de la British Medical Association (BMA) révèle que quatre d’entre eux sur dix souhaitent quitter le National Health Services (NHS) et un tiers d’entre eux projettent de quitter le pays. Beaucoup lorgnent vers l’Australie.
Plus de 4500 jeunes médecins exerçant leur art Outre-Manche ont été interrogés sur leur perception de leur situation professionnelle. Près de 4.000 d’entre eux ont répondu, ce qui est significatif de l’importance de la question. La British Medical Association (BMA), à l’origine de l’enquête, vient d'en publier les résultats.
La quasi-totalité des répondants (98,9%) se sont déclarés inquiets de l’impact de l’augmentation du coût de la vie sur leur situation personnelle. Près de la moitié ont des difficultés pour assurer leurs dépenses élémentaires. Un tiers d’entre eux projettent de quitter le pays dans l’année pour chercher du travail ailleurs. Plus de huit sur dix d’entre eux invoquent comme cause le niveau de rémunération. Les jeunes médecins figurent parmi les groupes sociaux les plus touchés par les mesures de restriction budgétaires instaurées depuis des années. Certains d’entre eux en sont à limiter leurs achats alimentaires et à diminuer le chauffage de leur habitation. Leurs revenus ont baissé de plus d’un quart en monnaie constante depuis 2008-2009.
Les conditions de travail sont une autre cause de leur pessimisme. La liste des doléances est longue : mutations fréquentes d’un lieu de travail à un autre, durée du travail hebdomadaire, lourdeur des programmes de formation, insécurité d’installation pour leur famille, difficulté de planifier des événements privés importants, … Et le COVID n’a rien arrangé : 42% des jeunes médecins se sont sentis déprimés à un moment ou l’autre de la crise.
Dans son allocution de nouvel an, le Pr Philip Banfield, président du conseil de la BMA, a déclaré que « le National Health Service ne pourra pas gérer une telle situation si autant de médecins désertent le pays.» Une grève est en vue après un vote. Si la décision est prise, elle s’ajoutera à celles des infirmières et des ambulanciers. Ces professions ont-elles-même déjà annoncé pour janvier plusieurs grèves chacune et le ralliement des médecins à ce mouvement plongera littéralement le pays dans le chaos. Pour donner une idée de l’ampleur du désastre qui en résulterait, on estime que rien qu’avec la grève des infirmières en décembre, plus de 15.000 interventions avaient dû être reportées dans le pays.
C’est pourtant l’incompréhension totale entre interlocuteurs. Malgré ces cris de détresse et un nombre de grèves déjà important du côté des professionnels de santé, au moins une partie du monde politique considère que la British Medical Association est « sur une autre planète ». Le Ministre de la santé Steve Barclay a récemment estimé que « les grévistes ont sciemment choisi de léser les patients », rapporte le « Sun » . Les jeunes médecins ont lancé en août dernier la campagne « Pay restoration » pour la revalorisation de leurs émoluments. Réponse gouvernementale : une augmentation de 2% pour 2022-2023…
Pénurie, augmentation de la charge de travail, évolution des mentalités (on bosse moins, je l’assume) et vous avez un cocktail explosif pour que le système ne réponde plus aux envies des jeunes médecins. Il faut revaloriser la médecine et bosser sur le bien être des médecins.
— Jerome R. Lechien, MD, PhD, MS (@JeromeLechien) December 29, 2022
Le système ne répond plus aux attentes des jeunes médecins, mais aussi de tout médecin qui aspire à une vie équilibrée, qui se soucie de la qualité des soins et qui aspire à de nouvelles manières de travailler. A part les #Hasbeen qui trouvent q tout va bien, je plains les autres
— Gilbert Bejjani (@drbejj) December 30, 2022
C’est pourtant ce modèle de médecine qu’on agite devant les yeux des jeunes comme idéal absolu de « la qualité » tout en permettant de trouver l’équilibre absolu entre travail et vie privée
— David SIMON (@Freedoc_be) December 29, 2022
Derniers commentaires
Simone ULRIX
31 décembre 2022Dans les motifs de doléance , je souligne notamment:
"mutations fréquentes d’un lieu de travail à un autre, insécurité d’installation pour leur famille".
Or le projet ProxiSanté au niveau wallon a mis en avant dans son compte rendu officiel la notion de quota d'installation , alors que l'atelier de juin avait donné comme ligne rouge à ne pas franchir l'atteinte à la liberté d'installation du prestataire.
Chez nous comme en Grande Bretagne, je ne vois pas quel généraliste acceptera d'aller travailler dans les Ardennes alors que son conjoint travaille à Bruxelles, par ex.
Il est temps de penser que les motifs d'abandon ne sont pas exclusivement financiers et ne dépendent pas uniquement du Fédéral.