L’Ordre des médecins a examiné les activités de wisdoc•com, site qui inventorie médecins et hôpitaux en les soumettant à l’appréciation de ses visiteurs. Pour lui, les avis formulés – potentiellement préjudiciables aux cliniciens comme on l’imagine – sont «subjectifs et non vérifiables». Wisdoc traitant les données à caractère personnel des médecins à leur insu et sans leur consentement, l’Ordre estime que ceux-ci peuvent faire enlever ces données de tels forums.
Wisdoc•com répertorie des établissements et thérapeutes, et invite les usagers à laisser des appréciations à leur propos, à partager avec un cercle d’amis que les fondateurs du réseau espèrent voir s’élargir. Leur argument: permettre au patient de sélectionner vite et bien «LE» spécialiste avec l’expertise nécessaire pour telle pathologie sur les conseils des autres internautes. Wisdoc dessert actuellement le Benelux et la France, avec des velléités déclarées d’essaimer en Europe. Il dit couvrir «toutes les spécialités médicales officielles ainsi que les médecins généralistes» (sic). Dentistes et kinés seraient dans le pipeline.
Ce n’est pas la première fois que l’Ordre se penche sur des questions touchant à la mise en ligne d’infos par ou sur les médecins. Donc à la publicité, qu’elle soit active ou subie. En 2009, par exemple, il avait estimé non déontologique de s’offrir de la visibilité sur le site commercial www.despecialistenwijzer.be, ne listant pas tous les médecins. Même logique, quelques années plus tard, à propos de www.vlazoem.be. Et l’été dernier, il avait enjoint les médecins à faire corriger les données transmises à des instances officielles comme l’Inami, de sorte que les OA n’éditent pas en ligne leur adresse privée en la présentant comme liée à leurs activités professionnelles.
Pour wisdoc•com, l’Ordre répète qu’il n'est «pas possible pour des sources privées de suivre de près les changements dans l'activité professionnelle d'un médecin, ce qui peut rendre les données consultables peu utilisables et même trompeuses pour la population». Il rappelle que, déontologiquement et légalement, les médecins une fois diplômés sont tenus de se former en continu, «afin de toujours proposer des soins de qualité». Quand bien même des patients vivraient une mauvaise expérience avec l’un d’eux, diverses filières officielles de notification existent, qui concourent à apporter au problème «une suite appropriée et objective»: services de médiation, instances disciplinaires, commissions de litiges… Par opposition, les commentaires laissés en ligne sur des sites comme wisdoc, «sont subjectifs et non vérifiables. Par ces évaluations, les patients peuvent infliger un préjudice au médecin.» Du reste, cette cotation influe sur «l'exercice du droit au libre choix du médecin par les autres patients».
Enfin, l’Ordre indique que wisdoc•com «traite les données à caractère personnel des médecins à leur insu et sans leur consentement» et estime que, «pour cette raison, les médecins peuvent [les] faire enlever de tels forums, en vertu de l'article 12 de la loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l'égard des traitements de données à caractère personnel».
Cet article balise ce que tout citoyen peut faire pour se prémunir d’une utilisation abusive de ses données, comme s’opposer au traitement projeté d’infos personnelles le concernant ou obtenir rectification de données inexactes, en adressant une demande datée et signée au responsable du traitement des données.
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