«Tout le système de concertation est mis en danger» (Dr Elisa Kottos - MoDeS)

Depuis juillet 2024, le Dr Elisa Kottos préside le Monde des Spécialistes (MoDeS/Cartel). Elle revient pour Le Spécialiste sur les priorités de son syndicat, les défis liés au budget des soins de santé 2025 et la nécessité de préserver un système de concertation pour garantir l’accessibilité et la qualité des soins.

Quels sont les combats que mène actuellement le MoDeS ?
Elisa Kottos : Nos combats actuels se déclinent essentiellement en Cartel avec nos collègues de l’ASGB et du GBO. Le plus récent est évidemment le budget des soins de santé 2025, et c’est pour nous l’objet d’une grande préoccupation.
Ce qui se passe actuellement est gravissime. Tout le système de concertation – qui fait la force de notre système de santé – est mis en danger.
Nous avons pris la décision de dénoncer l’accord médico-mutualiste. Notre objectif était de pouvoir relancer la concertation et de mettre le gouvernement face à ses responsabilités.
Nous avons eu, au sein du Cartel, de longues discussions, et nous avons décidé d’entrer dans ce rapport de force et surtout de provoquer la concertation. Notre stratégie a bien fonctionné puisque le gouvernement a été obligé de reconvoquer les syndicats médicaux.
Nous avançons de plus en plus vers un maintien de la norme de croissance (à 2,5 %, NDLR) et de l’indexation. Nous estimons que ce combat a été gagné par le Cartel.
La position du MoDeS est de toujours privilégier la concertation entre les acteurs et de trouver des solutions, tout en mettant le monde politique face à ses responsabilités. Arrêter la concertation, c’est perdre la qualité de nos soins et exposer notre population à des risques gigantesques pour les années à venir. Il suffit de regarder chez nos voisins pour se rendre compte que le manque de concertation conduit à une médecine à deux vitesses et à une perte de qualité des soins de santé.

Le Mouvement réformateur veut réduire la norme de croissance des soins de santé. Il met la pression lors des négociations sur la constitution du futur gouvernement fédéral. Cette attitude inquiète-t-elle le MoDeS ?
Cette volonté du MR de réduire la norme de croissance nous inquiète, mais les mutuelles et les syndicats médicaux sont sur la même ligne pour défendre cette croissance. Nous espérons pouvoir faire barrage. Nous allons nous battre jusqu’au bout pour défendre un budget réaliste pour les soins de santé et le maintien d’un système de qualité accessible au plus grand nombre.

Le MoDeS/Cartel a toujours défendu l’accessibilité aux soins. Cela fait-il partie de votre ADN ?
Notre ligne directrice est de défendre les médecins tout en défendant la santé publique et en ayant une vision globale du système de santé. Nous voulons préserver un équilibre tant pour le corps médical que pour la population. On ne peut pas être accompli en tant que médecin si l’on n’a pas le sentiment de soigner correctement ses patients.

La nouvelle version de la loi du patient vous pose-t-elle problème ?
Voici un autre dossier que nous suivons en Cartel. En effet, la dernière modification de cette loi nous pose problème, c’est la raison pour laquelle nous avons introduit un recours au Conseil d’État.
Je précise que la loi sur les droits du patient en tant que telle est une très bonne chose. Elle a représenté un grand pas en avant pour la prise en charge des patients. Ces droits sont acquis, et il est hors de question de les faire régresser.
Malheureusement, la dernière évolution concernant les notes personnelles du médecin n’a pas pris en compte toutes les conséquences que cela pouvait avoir pour les médecins et singulièrement les psychiatres. Les notes personnelles du médecin ne peuvent pas disparaître au détriment d’un suivi adéquat du patient.

Après six mois de présidence de votre syndicat, comment vous sentez-vous ?
Au MoDeS, nous avons choisi comme mode de gouvernance le principe d’une présidence tournante, inspiré du modèle du Conseil fédéral suisse. Cela nous permet de rester dans le coup et d’avoir de nouvelles idées. Chaque année, nous avons du sang frais. Nous réfléchissons toujours en équipe. Cette dynamique nous permet de profiter de l’avis de ceux qui ont plus d’expérience, mais aussi de ceux qui viennent d’être diplômés. C’est très formateur.
J’apprends énormément de choses en participant aux différentes réunions. Après un an à la présidence du MoDeS, je pourrai profiter de cette expérience enrichissante pour continuer à m’investir.

> Découvrez l’intégralité de cette interview dans Le Spécialiste n° 230.

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