Les regroupements hospitaliers sont une tendance marquée du secteur de la santé en Belgique. À Bruxelles, la création du HUB (Hôpital universitaire de Bruxelles) il y a deux ans incarne ce mouvement. Mais comment transmettre cette évolution au public, et dans quelle mesure est-il utile de communiquer à ce sujet ? Lors d’une table ronde organisée par Le Spécialiste soutenue par MSD, des intervenants ont échangé sur cette question, entre enjeux stratégiques et pragmatisme.
Selon Renaud Witmeur, directeur général de Hôpital universitaire de Bruxelles (Erasme, Huderf, Institut Bordet), il est impératif de respecter l’attachement des patients et des équipes à « leur » hôpital. « Les marques comme Erasme, Bordet ou l’Huderf restent des repères importants. Une structure comme le HUB est d’abord une structure de gestion, qui n’a pas vocation à s’adresser directement au public à ce stade », explique-t-il. Il rappelle l’importance de préserver l’identité locale de chaque institution, même dans le cadre de regroupements ambitieux.
Cependant, les regroupements hospitaliers se heurtent à des obstacles structurels. « La consolidation budgétaire d’une structure hospitalière est une condition sine qua non pour faire de véritables collaborations », insiste Witmeur. Le système de financement actuel, qu’il qualifie de « modèle Panini », crée des incohérences. « Dès qu’on supprime une activité, cela entraîne des conséquences pour tout l’hôpital, bien au-delà de l’impact sur les honoraires médicaux. Nos institutions sont devenues tellement fragiles que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la moindre recette, même pour un projet qui aurait une plus-value globale. C’est absurde mais c’est la réalité. »
Ces contraintes s’ajoutent à une pénurie criante de personnel, qui ne se limite pas aux soignants. « Cela touche aussi les informaticiens, les juristes ou les comptables », rappelle Renaud Witmeur. Dans ce contexte, la communication devient un levier crucial pour recruter et fidéliser les talents. Pourtant, il exprime des doutes quant à l’efficacité d’une communication grand public généralisée. « On le fait parce que tout le monde le fait et qu’on ne peut pas se distinguer en étant absent. Mais si l’objectif est d’engager des infirmières, il vaut mieux contacter directement des écoles ou des associations de nursing. Si nous voulons augmenter les essais cliniques, notre cible doit être l’industrie pharmaceutique. Pour recruter des patients, il faut renforcer les liens avec les médecins traitants. »
Thomas De Nayer, directeur de la communication des Cliniques universitaires Saint-Luc, abonde dans ce sens, tout en défendant l’utilité des grands médias et des réseaux sociaux pour atteindre certains objectifs. « Un service de communication hospitalier doit faire ce que n’importe quelle autre entreprise fait : recruter de façon ciblée du personnel et des patients. Les grands médias et les réseaux sociaux, comme Facebook ou LinkedIn, créent une réputation. Annoncer au journal télévisé que nous cherchons des patients pour une recherche clinique génère de nombreux appels le lendemain. »
Pour Renaud Witmeur, cependant, la communication hospitalière doit évoluer vers une transparence accrue, notamment en matière de qualité des soins. « Aujourd’hui, lorsqu’on est atteint d’une maladie, on se renseigne de bouche à oreille pour savoir qui est le meilleur médecin. C’est illogique de faire des choix aussi importants de cette manière qui n’est pas objectivée.. J’espère qu’un jour, il y aura une transparence absolue sur la qualité, accessible au public. Les patients pourront savoir que, pour un traitement donné, leurs chances de survie sont de X pour cent dans tel centre par rapport à d’autres. » Il imagine un avenir où les critères de choix se baseront sur la qualité des soins et, à qualité égale, sur l’hospitalité des établissements. « Cette dernière dimension est parfois sous-estimée par les hôpitaux académiques, qui se reposent sur leur label académique », observe-t-il.
Les défis de communication des hôpitaux reflètent donc une réalité plus large : celle d’un secteur en mutation, pris entre contraintes budgétaires, objectifs de qualité et attentes croissantes des patients. Une communication bien ciblée, couplée à une transparence accrue, pourrait devenir un outil décisif dans cette transformation.
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