L’Observatoire de la Santé et du Social (OSS) de Bruxelles-Capitale, attaché à la Cocom, a scruté les MG bruxellois: qui sont-ils, où pratiquent-ils et où se situent les potentielles pénuries? Ces travaux visent à affiner l’identification des zones déficitaires et, partant, à concevoir des incitants ciblés permettant de rééquilibrer le paysage local de la médecine générale.
Bruxelles, on le sait, ne connaît pas en termes de densité de l’offre MG les mêmes réalités que la Wallonie. En outre, elle a des caractéristiques propres qui façonnent différemment le recours à la première ligne: une population jeune, un afflux de koteurs, de touristes, une part non négligeable d’habitants en situation de précarité, ou d’origine étrangère… Et, ainsi que Medi-Sphère l’a relayé plus d’une fois: un tiers de citoyens sans généraliste attitré.
Voici quelques grands constats tirés par l’OSS. Au total, l’an passé, 1.468 généralistes étaient actifs en Région bruxelloise. Soit +/- 1 généraliste pour 812 habitants ou 1,23 généraliste pour 1.000 habitants, convertit l’Observatoire. On dénombre 956 pratiques, dont 751 solos et 205 de groupe, avec, globalement, une bonne répartition géographique. Moralité, «dans un rayon de 500 mètres, la plupart des Bruxellois ont le choix entre plusieurs MG».
Près de la moitié de ceux-ci (49%) exercent en collectif, surtout les femmes (59%) et les plus jeunes. Les cabinets de groupe se concentrent au cœur de la capitale, où la densité de population culmine, et dans les communes moins riches. La part de «solistes» varie fortement, de 79% à Uccle à 34% à Molenbeek; ils prédominent en périphérie et au sud, sud-est, de la capitale.
Comme partout, la profession ne va pas en rajeunissant: près d’un tiers des 1.468 MG a entre 55 et 64 ans. «Dans 10 ans, 45% auront atteint l'âge officiel de la retraite», anticipe l’OSS. La moyenne d’âge est plus haute dans le sud-est (Uccle, Ixelles, Watermael-Boitsfort et Auderghem), au nord-ouest (Ganshoren, Berchem-Sainte-Agathe et Anderlecht), à Evere et dans la partie nord du Pentagone. Sans surprise, c’est dans ces zones que l’OSS prédit, en tenant compte de la densité d’habitants, des pénuries potentielles dans 10 ans (il cite Evere, Uccle et des parties d’Auderghem, Etterbeek, Ixelles, Anderlecht).
L’OSS a chiffré à 486 MG le nombre de confrères supplémentaires qui seront nécessaires en 2027. «Un sujet à remettre sur le tapis avec le Fédéral», indique Didier Gosuin, membre du Collège réuni de la Cocom et chargé de la politique de la Santé.
Besoins accrus
L’OSS est allé plus loin dans l’analyse en ne s’attachant pas uniquement à l’offre, mais aussi à la demande: il existe de nets écarts entre quartiers en termes de besoins de soins – corrélés à l’âge moyen des habitants et au niveau socio-économique. Eux aussi vont déterminer d’éventuels déficits. Il y a 33 quartiers en pénurie selon les critères habituels retenus au Fédéral (0,9 MG/1.000 habitants). Mais si on se base sur la consommation régionale en soins par âge, il y a 41 quartiers sur 118 identifiés à risque de possible pénurie, et 50 si on prend en outre la consommation selon le revenu. Bref, si la pénurie n’est pas encore là, ce sont autant de zones à surveiller.
«Nous devons continuer à promouvoir des mesures susceptibles d’attirer de jeunes médecins sur l’ensemble du territoire, comme les primes Impulseo», indique le ministre Gosuin. «Mais il faut mettre en place d’autres mesures pour répondre aux besoins de locaux adaptés, de localisation ou encore d’aide à la gestion de l’activité économique pratique»
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