Les acteurs des soins de santé et la communauté scientifique s’accordent de plus en plus pour dire qu’impliquer le patient et sa famille permet d’améliorer la qualité et la sécurité des soins. Dans cette perspective, il est pertinent de demander au patient de partager ses perceptions afin d’identifier et d’analyser les failles du système de santé à l’origine d’incidents pouvant leur être préjudiciables. Une première dans le système de santé belge francophone.
La Plateforme pour l’Amélioration continue de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients — PAQS ASBL s’est associée à Solidaris, à la Mutualité Chrétienne et aux Mutualités Libres, auxquelles appartient Partenamut, pour lancer une enquête permettant aux patients de s’exprimer sur la thématique de la sécurité des soins. L’outil PRIM (Patient Rerported Incident Measure) est un questionnaire qui a été développé en collaboration avec l’OCDE et en concertation avec des experts (inter) nationaux et des patients. Il offre la possibilité aux patients de donner leur avis sur les risques, les incidents ou les erreurs qu’ils ont pu rencontrer à l’hôpital dans le cadre de leur prise en charge.
Le processus d’identification et de contact des patients s’est fait en collaboration avec trois mutualités qui disposent dans leurs bases de données respectives des informations relatives aux patients hospitalisés dans des hôpitaux wallons et bruxellois. Au total, 21 902 e-mails ont été envoyés entre septembre 2021 et février 2022, et 1 099 patients ont répondu au questionnaire proposé.
Messages clés de l’étude
Les résultats montrent que 15,8 % des patients ont déclaré au moins un évènement indésirable tel qu’une erreur médicamenteuse, une chute ou encore une infection nosocomiale. Ce résultat est le plus élevé des pays de l’OCDE qui ont opérationnalisé cette enquête (de 3 % en Allemagne à 12,6 % en Norvège). Au regard d’autres études existantes sur le sujet, ce résultat reste plausible et pourrait être affiné avec une analyse détaillée des dossiers de patients qui ont déclaré un évènement indésirable. Néanmoins, nous ne pouvons pas exclure l’hypothèse que les patients qui ont répondu à l’enquête sont ceux qui ont rencontré un problème de sécurité durant leur hospitalisation. Le chiffre de 15,8 % serait alors une surestimation du taux réel.
L’étude montre également que les personnes déclarant un moins bon état de santé ou ayant eu un séjour plus long ont davantage tendance à déclarer un évènement indésirable.
D’autres questions portent sur les failles au sein des processus de soins à travers notamment la communication entre les différents acteurs. On observe une corrélation forte entre la perception de telles failles par les patients et la déclaration d’évènements indésirables par ces derniers. L’enquête ne permet néanmoins pas de conclure sur un éventuel lien de causalité.
Cette enquête montre clairement l’intérêt de stimuler l’utilisation de cet outil à la fois pour évaluer l’ampleur des failles de sécurité dans notre système de soins, mais également pour soutenir les organisations de soins dans leur stratégie de développement d’une culture sécurité.