Pedro Facon, administrateur général adjoint de l’INAMI, évoque dans De Tijd , ce samedi, les défis du système de santé. Il souligne que les médecins jouissent d’une grande liberté dans leurs prescriptions et portent une responsabilité importante dans l’utilisation des médicaments. Il exprime également son avis sur des sujets tels que les malades de longue durée et la position des fonctionnaires dans le contexte des mesures de Musk.
Il pointe notamment les antibiotiques et les somnifères, qui, selon lui, sont prescrits de manière excessive en Belgique. Il observe également que, pour certains patients atteints de cancer, des traitements coûteux sont choisis alors qu’ils n’offrent qu’une prolongation limitée de la vie, ce qui accroît la pression budgétaire.
Bien que l’INAMI ne puisse pas intervenir directement sur ce point, Pedro Facon souhaite instaurer un dialogue avec les médecins dans les années à venir, « sans que l’INAMI ne cherche à intervenir directement. Je comprends bien sûr que les médecins veulent aider au mieux leurs patients. Mais il faut rappeler que chaque euro dépensé par les pouvoirs publics à un endroit ne peut plus l’être ailleurs. Cette réalité budgétaire est encore mal comprise dans notre système de soins de santé. »
Malades de longue durée
Un autre enjeu majeur concerne l’augmentation du nombre de malades de longue durée. En 2023, la Belgique comptait 526 507 personnes dans cette situation, ce qui représente un coût annuel de 9 milliards d’euros en indemnités. Pedro Facon insiste sur le rôle crucial des médecins dans l’évaluation des capacités résiduelles des patients en incapacité de travail. Selon lui, ces aspects devraient être mieux pris en compte dans leur formation. Il plaide pour une implication plus active des médecins, aux côtés des employeurs et des mutualités, afin de réduire les longues périodes d’incapacité. L’accord de gouvernement souligne une responsabilité partagée : « Les médecins doivent définir ce que les patients en incapacité sont encore en mesure de faire. »
L’accompagnement des malades de longue durée reste un défi : « Même au sein de notre propre institution, la question se pose. Je constate que nos responsables hésitent : quand doit-on prendre contact avec un collègue en arrêt, et quand ne pas le faire ? Cela dépend bien sûr de la nature de la maladie, mais dans certains cas, on n’en sait rien. »
Plus performant après un burn-out
Pedro Facon reconnaît également l’impact des troubles de santé mentale chez les malades de longue durée et partage son expérience personnelle en tant que commissaire au Covid en 2021. À cette époque, il a souffert d’insomnies, d’angoisses et de symptômes de burn-out, ce qui a conduit son médecin généraliste à l’arrêter trois mois. « Finalement, je suis revenu plus tôt que prévu. Je dirais même que je suis aujourd’hui plus performant », confie-t-il à De Tijd. Cette période lui a permis de mieux se connaître. Il se décrit comme « exigeant, ambitieux et responsable », tout en précisant ne pas vouloir s’attarder sur cet épisode. Il estime cependant que le retour au travail est possible et que les médecins devraient mieux accompagner leurs patients dans cette transition.
Musk
Enfin, il souligne la nécessité d’une gestion plus efficace des ressources et d’une meilleure hiérarchisation des priorités dans les soins de santé, avec un rôle clé des médecins dans l’optimisation des dépenses.
Quant au rôle de l’État, il a déjà estimé qu’il était « grand mais peu efficace ».
Mais il juge l’approche du Department of Government Efficiency (DOGE) d’Elon Musk bien trop radicale. « Cette vision limitée de ce qu’est un gouvernement me dérange. Musk considère les fonctionnaires uniquement comme des ennemis, comme une charge financière excessive. Or, un État ne se gère pas comme une entreprise. » Selon Facon, certaines méthodes du secteur privé, comme la planification stratégique ou la gestion de projets et de processus, peuvent être adaptées au secteur public. « Mais un gouvernement ne vise pas seulement le profit. Il doit, en toute transparence, servir l’intérêt général. Ceux qui refusent d’admettre cette réalité n’apporteront aucune amélioration. »