En 2018, il manquera 963 places de stage pour les candidats spécialistes dans les hôpitaux belges. Catherine Fonck tire la sonnette d’alarme. Elle s’inquiète également des moyens à disposition pour assurer une formation de qualité.
Lors de la sortie de la double cohorte de diplômés en médecine, en 2018, 448 candidats spécialistes néerlandophones et 515 francophones ne devraient pas trouver de places de stage dans les hôpitaux. Les candidats seront nettement trop nombreux pour les places disponibles dans les hôpitaux. Une note de la cellule de planification de l’offre des professions des soins de santé révèle qu’à partir de 2018, il va y avoir une augmentation de 25% des candidats spécialistes par rapport à 2017 pour la spécialisation en 4 ans et de 33% pour la spécialisation en 3 ans.
Ces chiffres inquiètent la député-médecin Catherine Fonck (cdH). Autre source récurrente d’inquiétude, les moyens dont disposent les hôpitaux académiques et généraux pour financer la formation des futurs spécialistes. Henri Anrys (Absym) a estimé (lire Le Spécialiste 14-10) qu’à partir de 2018 le coût du financement des stages des médecins spécialistes en formation devrait passer de 200 millions d’euros à 400 millions d’euros.
Intenable
«Les hôpitaux universitaires financent les places de stage en puisant dans leur budget des moyens financiers (BMF) tandis que les hôpitaux généraux les financent en partie au moyen de contributions de leurs médecins. Ce n’est plus tenable», estime la députée CD&V Nathalie Muylle. Actuellement, les spécialistes en formation sont partiellement financés par le biais d’une indemnité versée par l’Inami. Les centres de coordination interuniversitaires versent aussi une allocation de formation aux candidats. «Ainsi, ils sont partiellement financés par l’Inami et par les maîtres de stage. Pour l’année académique 2014-2015, le montant de l’indemnité octroyée par l’Inami s’élève à presque 30.000 euros par étudiant», explique Maggie De Block. «Le financement de la formation des médecins spécialistes est repris dans le budget des hôpitaux sous la partie B7. Cependant, ce financement est insuffisant, car il s’agit d’un budget national annuel d’environ 18 millions d’euros pour les hôpitaux universitaires et d’environ 6 millions d’euros pour les autres hôpitaux généraux mais disposant de lits dits "universitaires".»
La ministre de la Santé publique et des Affaires sociales rappelle que le dernier accord médico-mutualiste prévoit que les médecins en formation ayant un plan de stage agréé recevront également une indemnité, et ce même pour les stages effectués dans les hôpitaux non universitaires. L’Absym a salué récemment cette volonté – acquise de haute lutte – d’uniformiser le financement de la formation dans tous les hôpitaux (lire Le Spécialiste 15-01).
Reste à déterminer les exigences de qualité, la collaboration entre et avec les universités et à améliorer la transparence lors de l’attribution des places de stage. Il faudra aussi, explique la ministre, revoir durant cette législature l’AR 78 qui reprend entre autres les conditions auxquelles les services de stage doivent se conformer.
Investigations approfondies
Maggie De Block annonce que les conclusions sur les problématiques de la double cohorte, de la modification de la réglementation sur les lieux de stage et du financement des stages font actuellement l’objet d’investigations approfondies. Elles devraient tomber rapidement. Le secteur les attend avec impatience. «Je vois disparaître de plus en plus de places de stage dans les hôpitaux non-universitaires», souligne Nathalie Muylle. «Les difficultés en matière de financement, mais aussi l'accréditation et les exigences de qualité, sont à l'origine de cette situation. Les hôpitaux souhaitent être accompagnés et soutenus efficacement.»
Catherine Fonck recommande d’avancer rapidement sur le volet du financement hospitalier. «Le grand nombre de médecins et de prestataires de soins en stage représente un investissement en temps important, que les médecins ne peuvent consacrer à leurs patients. On ne pourra selon moi résoudre le problème des places de stage manquantes uniquement en envoyant les candidats effectuer des stages à l'étranger ou par l’engagement d’autant de maîtres de stage complémentaires.»