À partir de l’année académique prochaine, les universités belges adapteront leurs cursus afin de mieux préparer les étudiants en médecine aux défis médicaux liés aux conflits armés. Cette initiative, portée par les facultés de médecine flamandes, répond à une demande de la Défense et du ministère de la Santé publique, a annoncé le Pr Piet Hoebeke, doyen de la faculté de médecine de l’Université de Gand, sur les ondes de Radio 1 (De Ochtend).
Selon le Pr Hoebeke et le Pr Filip Lardon, doyen de l’Université d’Anvers, les soignants jouent un rôle essentiel en temps de crise, aux côtés des forces armées. Face à la multiplication des conflits, les futurs médecins doivent être formés à la gestion de blessés en masse, aux traumatismes par balle et aux lésions causées par des explosions. Ces éléments seront intégrés aux programmes sous forme de cours optionnels et d’une éventuelle formation de master complémentaire. Des disciplines connexes, telles que la kinésithérapie et les soins infirmiers, seront également impliquées.
« Il est impératif d’agir dès maintenant », insiste le Pr Lardon, soulignant que ces changements ne porteront leurs fruits que dans plusieurs années. La traumatologie de guerre nécessite une expertise pointue en médecine d’urgence et en chirurgie orthopédique. L’enseignement tiendra aussi compte des nouvelles formes de guerre, notamment l’usage des drones et les menaces biologiques ou chimiques.
Les changements apportés au programme porteront également sur le traitement des victimes en masse. Les étudiants apprendront, entre autres, à effectuer le triage lors de situations d’urgence à grande échelle. « Supposons que 150 brûlés arrivent en même temps, comment démarrez-vous ? Comment organisez-vous les soins ? Comment priorisez-vous les traitements ? Ce sont des questions qui ne sont pas encore suffisamment abordées dans la formation médicale de base », explique le Prof. Hoebeke.
Les changements s’appliqueront à tous les étudiants en médecine, même si l’accent sera mis sur les étudiants en fin de formation.
Une équipe d’experts est chargée de structurer cette évolution des cursus, qui s’ajoutera à la formation déjà existante en médecine de catastrophe. L’expérience acquise à travers les conflits récents, notamment en Ukraine, servira de base à cette adaptation. Il ne s’agit pas d’alimenter l’inquiétude, mais d’offrir aux futurs praticiens une formation adaptée aux réalités actuelles et aux crises potentielles de demain.
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