Les mesures prévues dans l'accord de gouvernement visant à garantir la viabilité financière de la sécurité sociale et à favoriser le retour à l'emploi risquent d'être contre-productives, regrette mardi Solidaris. La trajectoire budgétaire prévue va forcer les prestataires et les mutualités à trouver près de 2 milliards d'euros d'économies sur la législature. [...]
Selon la mutualité socialiste, 60% des personnes en invalidité le sont en raison de maladies musculo-squelettiques ou de troubles de santé mentale, souvent liés à des conditions de travail dégradées. Si l'accord envisage de responsabiliser davantage les employeurs à ce sujet, il s'agit toutefois d'une mesure insuffisante, pour Solidaris. "Les causes structurelles des maladies risquent d'être renforcées par toute une série de nouvelles mes ures socio-économiques, prévues par l'accord, dégradant les conditions de travail: recul de l'âge de la pension, généralisation du travail de nuit et de la flexibilité au travail."
Sur le volet de l'accessibilité des soins, Solidaris salue l'élargissement du champ d'application du maximum à facturer (MAF) pour les patients psychiatriques de longue durée ainsi que la réforme du modèle de conventionnement. La mutualité regrette toutefois l'absence de mesures en faveur d'un meilleur remboursement des soins les plus reportés, d'un élargissement de l'octroi automatique du statut BIM ou d'une augmentation de l'indemnité maladie invalidée de minimum 10% au-dessus du seuil de pauvreté.
"La trajectoire budgétaire prévue va forcer les prestataires et les mutualités à trouver près de 2 milliards d'euros d'économies sur la législature. [...] Mais l'accord semble déjà dispenser un secteur en particulier: l'industrie pharmaceutique", dénonce en outre Solidaris. "Conséquence: il y a un risque que les économies se fassent sur le dos du patient", à travers un déconventionnement, des soins plus chers ou encore des délais d'attente rallongés pour un rendez-vous avec un spécialiste.
Pour Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, l'accord de gouvernement risque dès lors de fragiliser un grand nombre de personnes dont les femmes, les travailleurs précaires, les pensionnés ou les malades de longue durée.