Le Belgian Working Group for Heart Failure (BWGHF) distribue, lundi place de la Bourse à Bruxelles, des ballons en forme de coeur afin de sensibiliser la population à l'insuffisance cardiaque. Un Belge sur cinq court le risque d'en développer une au cours de son existence, alors que le secteur des soins de santé n'est pas suffisamment préparé pour y faire face de manière optimale. Le BWGHF plaide donc pour une «approche coordonnée en tant que plan directeur pour nos futurs soins de santé».
Le BWGHF formule trois propositions en ce sens. Il encourage ainsi le développement d'une vision stratégique en matière d'insuffisance cardiaque, basée sur la collaboration entre les disciplines m&eacu te;dicales et par-delà les murs de l'hôpital.
Les cardiologues souhaitent par ailleurs le développement d'un modèle de soin post-hospitalisation, prévoyant notamment la visite d'un infirmier/une infirmière au domicile du patient dans les semaines qui suivent sa sortie de l'hôpital.
Ils plaident en outre pour une intégration des données relatives à l'insuffisance cardiaque pour offrir l'opportunité aux cliniciens, scientifiques et décideurs politiques de mesurer, évaluer et rectifier l'impact de la politique.
«Grâce à cette approche multidisciplinaire, nous serons en mesure d'écourter les hospitalisations et d'éviter les réadmissions superflues», explique la professeure Anne-Catherine Pouleur. «C'est important pour le patient, tout en lui offrant de meilleures chances de survie et une meilleure qualité de vie. C'est également tout profit pour le budget des soins de santé.»
Le coût médical annuel direct de l'insuffisance cardiaque s'élève à quelque 300 millions d'euros par an, dont 60% destinés aux hospitalisations. «Si l'approche coordonnée proposée coûtait chaque année 2 millions d'euros aux pouvoirs publics, ces derniers économiseraient à vitesse de croisière 35 millions d'euros (moins d'examens, et des hospitalisations moins nombreuses et de plus courte durée)», pointe encore le BWGHF. «En d'autres termes, l'économie finale pourrait s'élever à 33 millions d'euros sur une base annuelle.»
La ministre fédérale de la Santé publique Maggie De Block (Open Vld) soutient ces propositions et appelle également à accorder une attention particulière à la prévention.
«Il y a des recommandations classiques telles qu'un mode de vie sain, une consommation modérée d'alcool, ne pas fumer, faire suffisamment d'activités physiques. Mais il y a aussi des personnes qui font tout cela et continuent de développer des insuffisances cardiaques. C'est pourquoi cette centralisation des données est importante pour découvrir pourquoi la maladie survient dans certaines familles», estime-t-elle.
Quelque 250.000 Belges souffrent d'un insuffisance cardiaque à l'heure actuelle, un nombre qui pourrait doubler à l'horizon 2040 en raison du vieillissement de la population, selon le BWGHF. Un quart des patients sont à nouveau hospitalisés dans le mois qui suit leur admission à l'hôpital, alors que «ce pourcentage peut être réduit moyennant un suivi correct du patient après hospitalisation», note-t-il. Par ailleurs près de la moitié des patients atteints (46%) décèdent dans les cinq ans. «C'est plus que pour la plupart des cancers», pointe-t-il encore.