Le rôle des pharmaciens dans le sevrage des somnifères devient permanent

Le projet qui permet aux pharmaciens d’accompagner les patients dans la réduction progressive de leur consommation de somnifères devient une mission structurelle. C’est ce qu’a décidé le Conseil des ministres vendredi, sur proposition du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke.

Mis en place le 1er février 2023, ce projet pilote permet aux pharmaciens de préparer, sur prescription du médecin généraliste, des gélules contenant des doses dégressives de benzodiazépines ou de médicaments apparentés (« Z-drugs »). Le programme, adapté à chaque patient, se décline en 10, 7 ou 5 étapes.

Initialement prévu pour une durée d’un an, le projet avait été prolongé deux fois jusqu’au 31 décembre 2024. Il devient désormais une mission pérenne du pharmacien, accessible gratuitement pour les patients.

« Ces somnifères et ces calmants créent une dépendance et sont nocifs quand on en consomme trop et trop longtemps. Nous devons veiller à une utilisation raisonnable des benzodiazépines », a déclaré Frank Vandenbroucke. « Les pharmaciens jouent un rôle important et efficace dans ce contexte. Nous pérennisons désormais ce rôle afin que les patients puissent toujours s’adresser à eux pour réduire progressivement leur consommation. »

Selon le ministre, « se sentir bien dans sa peau commence par une bonne nuit de sommeil. Souvent, les problèmes de sommeil sont non seulement une cause, mais aussi une conséquence de soucis. Les Belges ont massivement recours aux somnifères. Et ce n’est pas toujours une solution. »

Une première évaluation menée il y a un an faisait état de 6 527 patients ayant entamé le programme. Parmi eux, 57 % ont suivi le schéma en 10 étapes, 13,9 % celui en 7 étapes et 29,1 % en 5 étapes. Au total, plus de 11 000 patients se sont inscrits depuis le lancement. L’INAMI prévoit une enveloppe annuelle de 878 000 euros pour soutenir ce dispositif.

La Belgique reste l’un des pays européens où l’on consomme le plus de somnifères, avec environ 2,1 millions de personnes qui en prennent régulièrement. « Trop de prestataires de soins prescrivent encore trop rapidement des somnifères », déplore Frank Vandenbroucke. « Ces médicaments occasionnent non seulement des risques pour la santé, mais aussi des frais inutiles pour les patients. »

Le ministre insiste aussi sur la nécessité d’agir sur les causes de cette consommation excessive : « Nous devons également nous attaquer aux origines du problème. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur des soins de santé mentale abordables, accessibles et de qualité. Nous renforçons comme jamais auparavant les soins de première ligne en santé mentale, afin de détecter les signaux inquiétants plus rapidement, avant que les problèmes ne s’aggravent. »

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