Dans un courrier envoyé jeudi aux ministres compétents en matière de santé, l'Union Professionnelle des Chirurgiens belges (UPCB) veut réagir concernant les dernières mesures prises au sujet du report des interventions chirurgicales électives.
"Les reports de certaines interventions auront des conséquences néfastes pour nos patients et cela concerne pratiquement tous les secteurs chirurgicaux." écrivent les Drs Lieven Dedrye (secrétaire général) et Baudouin Mansvelt (Président). Pour eux les reports d'interventions pour limiter la saturation des hôpitaux qui tentent de contenir l’afflux des patients COVID est une affirmation qui n'est que partiellement juste.
Les soins intensifs ne peuvent plus fonctionner à pleine capacité en raison d’un manque de personnel. Ce manque de personnel résulte d’une part, du nombre de cas de COVID parmi les soignants mais aussi d’un problème de garde d'enfants car un grand nombre de classes ferment dès l'annonce de 2 enfants positifs. Les soignants doivent pouvoir assurer la garde de leurs enfants qui ne vont plus à l'école. Le burnout est également évoqué parmi les soignants, à juste titre car leur travail ne reçoit pas l’estime qu’il mérite.
En outre, cette pandémie de COVID montre à quel point l’occupation du personnel dans les hôpitaux est précaire, en partie en raison du financement actuel des hôpitaux. Les formes graves de COVID se manifestent majoritairement chez les patients non vaccinés. La vaccination est donc efficace et a ainsi été imposée au personnel soignant. L'UPC pense que la vaccination devrait être rendue obligatoire pour tous afin d’enrailler cette pandémie. Cette décision est difficile à prendre politiquement, mais tôt ou tard elle s'imposera.
Le retard a déjà eu des conséquences délétères pour la population et en particulier pour les patients des chirurgiens . Ne pas pouvoir opérer un patient au moment idéal de sa pathologie entraîne souvent une majoration du risque pour le patient. L'association professionnelle ne pense pas qu'il puisse y avoir des priorisations concernant les patients vaccinés ou non-vaccinés, "mais force est de constater que cela a lieu dans les faits, puisque certains patients ne peuvent être opérés."
En conclusion, l'UPCB demande aux instances dirigeantes d'éviter de se focaliser sur le report des soins pour réserver des places hypothétiques aux patients COVID, au détriment de soins programmés, de prendre en considération le travail de l'ensemble du personnel soignant avec une revalorisation à la clé, de rendre la vaccination obligatoire pour l'ensemble de la population.
Enfin, l’UPCB demande également des mesures compensatoires pour les disciplines chirurgicales. En raison des restrictions de personnel, des transferts nécessaires du personnel des blocs opératoires et des services de chirurgie vers les unités COVID, et de la réduction de la capacité des soins intensifs, ils n'ont pas pu, lors de cette quatrième vague de la pandémie, valoriser leurs activités professionnelles et leurs efforts chirurgicaux.
Cette situation contraste avec l’augmentation de l’indemnité des services qui, a priori, assurent les soins mais semblent exclure les chirurgiens. Cependant, les structures de coûts fixes de la profession par rapport aux médecins spécialistes en formation et aux hôpitaux, restent en place.
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