Les chirurgiens généraux travaillant à temps plein perçoivent les revenus les plus élevés dans les services cardiaques et d’urgence. Les chirurgiens francophones sont nettement plus conventionnés, tandis que les néerlandophones sont beaucoup plus accrédités. Les revenus moyens des chirurgiens généraux en Belgique ont progressé de 11 % en cinq ans, témoignant d’une évolution marquée dans leur rémunération. C'est ce qui ressort du rapport Health Professionals Report 2023 récemment publié par l'Inami.
Ce rapport récent de l'Inami contient des chiffres allant jusqu’en 2023, époque à laquelle la discussion sur la scission de la chirurgie générale était encore en cours. Plus précisément, il était question d’introduire des titres distincts pour la « chirurgie viscérale », la « chirurgie thoracique », la « chirurgie vasculaire » et la « chirurgie cardiaque ».
Le rapport aborde divers aspects sous un angle professionnel : accessibilité, patientèle, charge de travail, spécialités effectives, taux de remplacement. Voici quelques chiffres marquants concernant les chirurgiens généraux.
Niveau d’activité et remboursement
Sur les 1 958 chirurgiens généraux, 1 359 étaient considérés comme « actifs » selon les chiffres de l’INAMI, et parmi eux, 885 exerçaient à temps plein. Ils ne représentent qu’une fraction du nombre total d’équivalents temps plein (ETP) chirurgiens, qui s’élève à 6 090.
Le niveau d’activité est mesuré sur la base du montant total remboursé par spécialité. Celui-ci est notamment lié au type et au lieu d’activité (privé, polyclinique, hôpital de jour, hospitalisation). En 2023, le montant moyen remboursé par ETP chirurgien général s’élevait à 343 888 euros. C’est légèrement inférieur à la moyenne de l’ensemble des ETP chirurgiens (357 861 euros), mais une progression de 11 % a été enregistrée entre 2018 et 2023.
La majorité des remboursements, soit environ sept sur dix, concernent des hospitalisations classiques. Entre 2018 et 2023, les prestations en polyclinique sont passées de 12 % à 16 %, tandis que l’activité en pratique privée a diminué de 7 % à 5 %.
Il est intéressant d’examiner les montants remboursés par sous-spécialité et par contexte/service (voir tableau) pour 2023. Ces paramètres révèlent d’importantes disparités.
Sous-spécialité | Nombre d'ETP | Remboursement par chirurgien (€) |
---|---|---|
Cardiaque | 94 | 404 019 |
Thoracique | 29 | 251 554 |
Obésité | 23 | 270 362 |
Abdominale | 328 | 237 499 |
Vasculaire - P | 31 | 169 779 |
Vasculaire - A | 134 | 299 407 |
Général | 124 | 206 691 |
Urgences | 33 | 466 636 |
Hospitalisation | 6 | 192 868 |
Mixte | 77 | 254 111 |
Accessibilité financière
L’accessibilité des soins est mise en évidence par le nombre d’ETP conventionnés pondérés (équivalents temps plein) pour 10 000 assurés. Pour ces calculs, les ETP des prestataires partiellement conventionnés sont multipliés par 0,5.
En 2023, environ trois quarts des chirurgiens généraux étaient conventionnés et quatre sur cinq étaient accrédités. Ce taux de conventionnement est supérieur à celui de l’ensemble des chirurgiens ETP (69 %), mais leur taux d’accréditation est légèrement inférieur à celui des autres chirurgiens (-8 %).
La densité des chirurgiens généraux est – sans surprise – la plus élevée à Bruxelles, avec 1,26 pour 10 000 assurés. Le Brabant wallon (0,53) et la Flandre-Occidentale (0,58) affichent les taux les plus bas. En termes absolus, Anvers enregistre le nombre le plus élevé d’ETP chirurgiens généraux (146,26/10 000 assurés).
Un écart significatif apparaît entre les chirurgiens conventionnés selon la langue : 87 % des chirurgiens francophones sont conventionnés, contre 69 % des néerlandophones.
Dans la Région bruxelloise, le nombre d’ETP chirurgiens généraux a fortement augmenté au cours des dix dernières années, alors qu’il est resté stable dans les deux autres régions. Toutefois, avec une moyenne nationale belge de 0,77, l’accessibilité est globalement satisfaisante et affiche une légère croissance sur la dernière décennie (+2,67 %).
Formation continue
Le niveau d’accréditation permet d’évaluer la formation continue. Alors que le taux de conventionnement est bien plus élevé en Belgique francophone, la tendance s’inverse pour l’accréditation : 86 % des néerlandophones sont accrédités, contre 71 % des francophones.
Les chiffres varient encore plus fortement selon les provinces : en 2023, les chirurgiens de Flandre-Occidentale étaient les plus assidus, avec un taux d’accréditation de 92 %. En bas du classement, on trouve les chirurgiens du Luxembourg, avec un taux de seulement 57 %.
Charge de travail
L’étude tente aussi d’évaluer la charge de travail, notamment en analysant le volume annuel d’activité par ETP et la base de patients. Ces chiffres excluent les spécialistes en formation.
Entre 2018 et 2022, la charge de travail des chirurgiens généraux a diminué en moyenne, mesurée en nombre de contacts avec les patients ( 3 163 ), soit une baisse de 2,77 %. En moyenne, les chirurgiens flamands prennent en charge plus de patients que leurs homologues francophones (1 437 contre 1 311).
Un point d’attention concerne toutefois le « taux de remplacement », qui est nettement plus élevé chez les chirurgiens francophones, avec une hausse de plus de 10 % chez les moins de 55 ans, contre une légère baisse (environ 0,5 %) chez les chirurgiens néerlandophones de la même tranche d’âge.
Accessibilité des soins
L’INAMI dispose également d’un outil permettant d’évaluer l’accessibilité de la chirurgie générale en enregistrant le nombre de contacts par assuré. En 2022, la couverture des soins était la plus élevée dans le Limbourg (18 %) et la plus faible dans le Brabant wallon et la Flandre-Occidentale (8 %). L’âge moyen des patients était légèrement inférieur à 51 ans (50,9 ans).
> Découvrir le Health Professionals Report 2023 ( General Surgeon )
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