Les longues listes d’attente chez les dermatologues et les récents articles sur la facturation de suppléments pour obtenir un rendez-vous rapide ont suscité plusieurs questions parlementaires adressées au ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke .
Nawal Farih (cd&v) a souligné que, pour obtenir une consultation dermatologique en Belgique, il fallait soit faire preuve de patience, soit disposer de moyens financiers supplémentaires. Elle a fait référence à plusieurs articles de presse : « Il apparaît que les patients prêts à payer un supplément peuvent obtenir un rendez-vous plus rapidement, contrairement à ceux qui n’en ont pas les moyens. » Elle a illustré son propos en évoquant des délais particulièrement longs : « L’UZ Leuven affiche une liste d’attente de six mois, sauf si l’on accepte de payer un supplément de 150 %. À l’UZ Brussel, une consultation est impossible, sauf moyennant un supplément de 50 euros. »
Nawal Farih a également dénoncé la situation dans les cabinets privés des dermatologues concernés : « Ils sont disponibles sous 48 heures pour des injections de botox et des fillers. » Elle a souligné que, dans le même temps, l’accès aux soins pour des pathologies graves comme le cancer de la peau se compliquait toujours davantage. Elle a rappelé que l’accord de gouvernement prévoyait une suppression progressive des suppléments d’honoraires et a insisté sur la position de son parti : « Le cd&v plaide pour leur suppression totale. Nous estimons que chaque patient a droit à des soins de qualité, accessibles et en temps utile. » Elle a ensuite interrogé le ministre : « À quelle vitesse comptez-vous avancer sur la suppression des suppléments d’honoraires ? Allez-vous adresser un courrier aux hôpitaux et aux dermatologues pour leur signifier que ces pratiques à deux vitesses sont inacceptables ? »
Katleen Bury (Vlaams Belang) a abondé dans son sens : « Pour les maladies dermatologiques, le cancer de la peau et d’autres affections graves, le délai d’attente varie entre trois et six mois. À l’hôpital Sint-Maria de Halle, il est même impossible d’obtenir un rendez-vous dans les six mois, le second semestre n’ayant pas encore été ouvert aux prises de rendez-vous. »
Elle a aussi mentionné Skindr, une plateforme de téléconsultation en dermatologie : « Une consultation de base coûte 39 euros, un rendez-vous sous 48 heures revient à 59 euros et une consultation dans les 24 heures coûte 99 euros. » Elle a dénoncé l’absence de remboursement, hormis une prise en charge symbolique de 5 à 9 euros par certaines mutuelles : « Certains hôpitaux réserveraient des créneaux aux patients de Skindr, qui pourraient obtenir un rendez-vous en une semaine si une pathologie dermatologique sérieuse était détectée en ligne. Les hôpitaux le démentent, mais cette situation crée une médecine à deux vitesses basée uniquement sur les moyens financiers. »
Katleen Bury a interpellé le ministre : « Trouvez-vous éthique que des traitements esthétiques soient prioritaires sur des soins médicaux vitaux, y compris dans des hôpitaux financés par l’État ? Que comptez-vous faire pour réduire les délais d’attente en dermatologie ? »
« Augmenter l’offre et agir rapidement »
Le ministre de la Santé a jugé la situation « absolument révoltante » et a plaidé pour un élargissement de l’offre de soins dermatologiques, notamment en augmentant le nombre de spécialistes et en facilitant leur entrée dans la profession. Il a également mis en avant la télédématologie. « Il est scandaleux que certains profitent de la pénurie pour soutirer de l’argent aux patients ou les contraindre à attendre des mois. Nous n’allons pas rester inactifs face à ces excès. Je veux que cela figure au plus vite à l’agenda du gouvernement. »
Un nouveau modèle de conventionnement en discussion
Le ministre a rappelé que peu de dermatologues adhèrent actuellement à la convention garantissant des tarifs encadrés. « Nous demandons aux associations professionnelles et aux mutuelles de réfléchir à un nouveau modèle de conventionnement, qui encouragerait les spécialistes à s’y engager et limiterait le choix du non-conventionnement. Il faudra prendre des décisions fermes pour parvenir à un tel système. »
Nawal Farih a assuré le soutien du cd&v à ces réformes : « Nous n’accepterons jamais que la rapidité et la qualité des soins dépendent du portefeuille du patient. Il est essentiel de revoir la nomenclature et d’assurer un financement adapté des actes dermatologiques, afin de réduire le recours aux suppléments d’honoraires et de supprimer les inégalités d’accès aux soins. »
Katleen Bury a conclu en insistant sur la nécessité de sanctionner les suppléments indus et de recentrer les dermatologues sur leur mission première : « Vous n’avez pas beaucoup parlé de cela. La priorité doit être d’assurer des soins accessibles et en temps opportun. Cela passe aussi par une meilleure prévention, qui, à terme, engendrera des économies. C’est une situation gagnant-gagnant. »
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