L'Agence européenne des médicaments (EMA) a donné vendredi son feu vert à la mise sur le marché dans l'UE du vaccin contre le coronavirus développé par la firme suédo-britannique AstraZeneca avec l'université d'Oxford. Le produit est recommandé pour vacciner les personnes à partir de 18 ans contre la Covid-19.
Le comité en charge des produits à usage humain de l'EMA a évalué les données et recommande à la Commission européenne d'octroyer une autorisation conditionnelle de mise sur le marché au produit.
L'EMA a notamment analysé les résultats de quatre essais cliniques, menés par l'université d'Oxford au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud, indique-t-elle. Sur base des ces résultats, elle estime que le vaccin est "sûr" et "efficace" pour les personnes à partir de 18 ans.
Le virologue Steven Van Gucht est optimiste quant aux résultats de l'analyse de l'Agence européenne des médicaments (EMA) "Nous avons été gâtés avec les chiffres exceptionnellement élevés de Pfizer et de Moderna, mais une efficacité de 60% est assurément bonne", a-t-il estimé.
Si la Commission donne son feu vert, le vaccin AstraZeneca-Oxford serait le troisième à pouvoir être utilisé contre le coronavirus dans l'UE, après ceux de BioNTech-Pfizer et Moderna. Dans les deux cas précédents, l'exécutif européen avait formalisé l'autorisation dans la même journée.
Comme les deux autres, le vaccin AstraZeneca s'administre en deux doses, cette fois à 4 à 12 semaines d'intervalle, selon le communiqué de l'EMA. Sur les patients tests qui ont été soumis à cette double injection (dans le bras), le produit a montré une efficacité d'environ 60%: il y avait environ 60% moins de cas symptomatiques de Covid-19 parmi les personnes vaccinées que parmi le groupe contrôle.
L'EMA note qu'il n'y a actuellement pas suffisamment de données de résultats chez des personnes de plus de 55 ans pour pouvoir estimer de manière chiffrée l'efficacité du vaccin dans ce groupe plus âgé. Mais elle estime malgré tout qu'il peut être utilisé pour ce groupe, vu la réponse immunitaire observée et les informations sur la sécurité du produit. Des études en cours, avec davantage de participants âgés, devraient éclaircir la donne, ajoute l'agence.
Le vaccin d'AstraZeneca utilise une technologie différente de ceux de BioNTech-Pfizer et Moderna, qui sont des vaccins à ARN messager. Celui-ci est un vaccin à adénovirus (ou à "vecteur viral non répliquant"). Comme l'a souligné vendredi la directrice de l'EMA, Emer Cooke, un vaccin de ce type est "plus facile à manipuler en termes de transport et stockage". Il peut être conservé à une température de frigo normale, durant 6 mois au moins. Ce qui change des températures négatives extrêmement basses nécessaires pour les deux autres. "Cela devrait simplifier la logistique et pourrait, on l'espère, donner un 'boost' à la vaccination dans de nombreux Etats membres", observe Emer Cooke.
Via communiqué, la firme suédo-britannique se réjouit de cette nouvelle étape. "En plus du programme mené par l'université d'Oxford", l'entreprise "conduit un essai d'ampleur aux Etats-Unis et globalement", rappelle-t-elle. Comme il s'agirait d'une autorisation conditionnelle de mise sur le marché, les développeurs du vaccin doivent continuer de communiquer leurs résultats à l'EMA, qui peut également effectuer des contrôles de production, etc.
AstraZeneca est actuellement engagée dans un bras de fer avec la Commission européenne, après avoir annoncé qu'elle ne livrerait qu'une fraction des livraisons initiales attendues par l'UE.
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