Alors que les manifestations auront lieu ce mercredi 28 juin à 11h dans 9 villes de Wallonie (Arlon, Charleroi, La Louvière, Liège, Mons, Namur, Ottignies, Tournai et Tubize), la Dr Catherine Fonck, cheffe de groupe à la Chambre des Engagés condamne la façon de travailler du ministre Vandenbroucke : «Avant tout, je pense qu’il est important de rappeler au ministre que la population est très reconnaissante vis-à-vis de ces médecins, y compris les médecins qui travaillent la nuit.»
Pour elle, il faut revoir et adapter le tri et certainement pas le supprimer. Elle dégage aussi trois principes importants pour pouvoir en sortir :
-Le ministre doit accepter de regarder la situation particulière des généralistes en Wallonie et à Bruxelles et pas que la Flandre. Il doit tenir compte des réalités plurielles. La densité, la démographie de la population et des généralistes y sont différentes.
-La garde de la nuit noire doit être examinée dans une approche globale de l’organisation de la première ligne et de la qualité des soins pour les patients. On ne peut pas demander de faire au milieu de la nuit ce qui peut être fait le matin. Cela n’a pas de sens.
-La question de la complémentarité entre le généraliste et la salle d’urgence : "Le ministre prend toujours le même exemple : mais a-t-il entendu beaucoup de jeunes mamans qui rouspétaient parce que personne ne s'était préoccupé de leur jeune bébé qui faisait de la température au milieu de la nuit? Si la situation est très inquiétante, le bébé devra de tout façon être envoyé à l’hôpital. »
Vandenbroucke doit engager des médecins
Catherine Fonck propose aussi au ministre d'engager des médecins: « Si le ministre ne veut pas que cela soit un opérateur qui gère, mais que cela soit un médecin, alors qu’il assume et qu’il engage des médecins via le SPF Santé publique. Ils pourront faire ce tri avec un regard médical comme il le souhaite. Cela pourrait être une solution pour un modèle 1733 renforcé. »
Elle lui demande d'investir dans les médecins : « Le ministre cite des budgets: 23, 48, 68 millions d’euros en plus…pour les soins. Mais cela ne fait pas un seul médecin généraliste en plus pour assurer les rythmes de garde et les rythmes de garde nocturne. Le ministre ne peut pas reporter sur les médecins généralistes les faiblesses du pouvoir public notamment pour ce qui concerne l'organisation du 1733. Si c’est cela le début du New Deal pour les généralistes,....c’est plutôt un Bad Deal. »
Trois solutions pratiques possibles
Au niveau pratique, Catherine Fonck rappelle qu’il est important que les urgences assurées soient réalisées par les généralistes. Pour les urgences où il faut une combinaison entre les généralistes et la salle d’urgence, le tri possède un rôle important pour ne pas nécessairement réveiller le généraliste. Enfin, pour les urgences qui ne nécessitent pas une prise en charge immédiate, il faut trouver une organisation qui permette un rendez-vous le lendemain matin ou le jour même à partir de 8 h s’il est passé minuit. Il faut pouvoir organiser cela directement quand le patient téléphone la nuit. »
Vandenbroucke ne peut pas nier les accords passés
Elle rappelle aussi que « le ministre Vandenbrouke doit cesser de nier les accords qui sont intervenus précédemment. Le tri "nuit noire" a été effectif du 1 er octobre 2014 au 28 février 2023. Plusieurs procès-verbaux de réunions du groupe de travail Protocole 1733, qui ont été rédigés au sein du SPF Santé publique, ont validé ce dispositif, en 2014 et en 2018. En 2019, il a été acté que le SPF Santé publique avait accepté cette réglementation pour la nuit noire comme dérogation régionale du Manuel belge de la régulation médicale sous la responsabilité des directeurs médicaux des centres 112.
Ce dispositif a même été coulé dans des conventions entre les hôpitaux et des associations de médecins généralistes. Il ne s’agit donc pas d’une déviation de la pratique normale comme le ministre le dit. Ses propos dénigrent véritablement les médecins. »
Le ministre doit repenser sa concertation
Enfin, elle appelle le ministre Vandenbroucke à un véritable dialogue avec tous les acteurs: “Dans une vraie concertation, le ministre doit écouter tous les acteurs. Il ne le fait plus. Aujourd’hui, il ne fait de la concertation que quand cela l’arrange et avec qui cela l’arrange. Ce n’est pas possible de travailler dans ces conditions. ”
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