Les pressions exercées par le niveau fédéral sur la Fédération Wallonie-Bruxelles pour qu'elle respecte les contraintes du contingentement de médecins suscite quelques crispations entre partenaires de l'arc-en-ciel.
Mardi, en commission du Parlement de la Fédération, la ministre en charge de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny, n'a en effet pas caché les tensions que ce débat suscite dans la majorité, reprochant de manière à peine voilée à son partenaire Ecolo d'avoir refusé de lui donner mandat pour négocier avec le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke.
"Je regrette de ne pas avoir reçu de mandat d'un partenaire gouvernemental (Ecolo, ndlr) pour entrer en négociation avec le fédéral et obtenir des avancées pour nos étudiants, et en particulier la plus importante, à savoir que chaque étudiant qui rentre dans le cursus dispose bien d'un numéro Inami", a fustigé la libérale, visiblement quelque peu irritée.
Depuis l'instauration du contingentement fédéral en 1997, la Fédération Wallonie-Bruxelles a toujours diplômé plus de médecins que le nombre de numéros Inami qui lui était normalement dévolu.
Cette situation a déjà provoqué de vives tensions lors des législatures précédentes. Et l'instauration d'un examen d'entrée aux études de médecine en 2017 en FWB n'a pas profondément changé les choses.
Chaque année, quelque 850 nouveaux médecins sortent ainsi des universités francophones, alors qu'il n'y a pour eux qu'un peu plus de 500 numéros Inami normalement, contraignant à chaque fois le fédéral à délivrer des numéros supplémentaires.
Cette situation agace sérieusement le niveau fédéral, surtout du côté flamand.
L'été dernier, le ministre fédéral de la Santé a laissé jusqu'à la fin de cette année à la FWB pour trouver avec lui une solution "à l'amiable", laquelle passerait forcément par un filtre plus efficace aux études de médecine.
En échange, le ministre Vandenbroucke s'était dit prêt à relever les quotas Inami destinés aux médecins francophones, une revendication forte au sud du pays vu le contexte actuel de pénurie de médecins.
A défaut accord avec la FWB, le ministre fédéral avait toutefois annoncé qu'il imposerait alors lui-même un "système de responsabilité purement fédéral", qui limiterait de facto le nombre de jeunes médecins francophones pouvant accéder à une spécialisation après leur formation de base.
Jeudi dernier, l'échéance fixée par le fédéral arrivant à grands pas, le dossier a été débattu au sein du gouvernement de la Fédération. La proposition de la ministre Glatigny d'ouvrir des négociations avec le Fédéral a toutefois été fermement rejetée par son partenaire Ecolo.
Devant les députés mardi, la ministre Glatigny a pointé les conséquences de ce refus d'Ecolo.
"Notre quota restera bloqué à 505, notre 'dette' de numéros à rendre sera toujours de 1.531, compromettant les générations futures", a s'est inquiétée la libérale.
"Nos étudiants acceptés après examen d'entrée dans les cursus de médecine et de sciences dentaires n'auront aucune garantie d'obtenir un numéro INAMI. Pire encore, ils seront soumis en cours de cursus à un nouveau filtre organisé par la santé publique fédérale, et cette énumération de conséquences potentiellement dramatiques pour nos étudiants n'est malheureusement pas exhaustive", a-t-elle ajouté.
Interrogé mardi soir sur cette attaque, le cabinet de la vice-ministre-présidente Ecolo du gouvernement, Bénédicte LInard, s'est dit "surpris" que la ministre Glatigny fasse état publiquement de ces tensions intestines "alors que la décision n'est pas encore prise en gouvernement".
Les Verts confirment toutefois ne pas être d'accord de limiter encore davantage le nombre de professionnels de soins de santé en FWB.
"Vu la crise sanitaire et les situations de pénurie, nous estimons que ce n'est pas le bon moment de discuter d'une réduction des conditions d'accès aux professions médicales", fait-on valoir au cabinet Linard.
On y rappelle d'ailleurs que le ministre Vandenbroucke avait annoncé vouloir mettre préalablement sur pied une commission interfédérale de concertation pour la planification de l'offre médicale. Or, l'organe promis n'a toujours pas vu le jour, souligne-t-on chez les Verts.
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