La majorité des Belges emploie les désinfectants de manière inadaptée, ce qui augmente les risques pour l'utilisateur ou l'environnement et réduit l'efficacité des produits, ressort-il d'une étude commandée par le département Biocides du SPF Santé publique publiée vendredi. En 2021, le Centre Antipoisons a enregistré près de 4.000 accidents liés aux produits de lutte contre les organismes indésirables (biocides).
L'enquête a été réalisée au printemps 2022 auprès de 2.025 personnes de tous genres et tous âges confondus, venant de partout en Belgique. Elle s'est penchée sur l'usage de trois types de produits biocides, à savoir les gels hydroalcooliques (PT01), les désinfectants pour surfaces qui ne sont pas en contact avec l'alimentation (PT02) et ceux pour désinfecter les surfaces en contact avec la nourriture (PT04). L'étude avait pour objectif de répertorier les habitudes d'utilisation, les comportements à risque, l'appréhension de la notice, les processus d'achat et l'influence de la pandémie.
Cette dernière a clairement eu un impact sur les fréquences de consommation, puisque le Centre Antipoisons a dénombré cinq fois plus d'accidents avec les gels hydroalcooliques en 2021 par rapport à 2019 (avant la crise sanitaire) et 1,5 fois plus de problèmes en lien avec les PT02 et les PT04.
Entre 2021 et 2022, 66% des répondants se sont servis de PT01, 67% de PT02 et 44% de PT04, un "usage de leur propre chef, par choix ou par habitude", notent les experts, tout en soulignant le rôle du Covid-19. L'épidémie est systématiquement dans le top 3 des justifications de l'emploi de ce type de produits.
Cependant, l'étude révèle que 53% des sondés se servant de PT01 "ne connaissent pas les consignes de date limite d'utilisation et le temps de contact nécessaire pour être efficace" et que 36% pensent à tort que ces mêmes biocides ont des propriétés nettoyantes, alors que 4% ont reconnu avoir déjà mélangé le désinfectant avec un autre, affectant son efficience.
Les PT02 et PT04 ont également été mal employés, puisque l'enquête signale "des comportements inadaptés, que ce soit en termes de connaissance et respect de la date limite d'utilisation, des consignes de dilution, des consignes de rinçage des surfaces après utilisation (PT04) ou encore de la gestion des déchets (emballages et résidus de produits)."
Les spécialistes expliquent ce "non-respect des consignes d'utilisation et de sécurité" par le fait que les personnes interrogées ne lisent pas les informations disponibles sur l'emballage. Parmi elles, 5 à 8% considèrent les informations peu claires, voire pas du tout.
Pour les auteurs de l'étude, les deux raisons principales sont des problèmes liés à la lisibilité (police trop petite, présence de trop d'informations, manque de contraste) et de vocabulaire, avec des termes jugés trop scientifiques et peu compréhensibles.