Doctolib est un fleuron français des startups médicales. Créée il y a 5 ans, elle propose le référencement et la prise de rdv en ligne. Avec une levée record de 85 millions d’euros depuis sa création, les médecins et leurs syndicats s’inquiètent du monopole et des techniques commerciales agressives utilisées par la startup.
Leader européen
Leader en Europe, avec plus de 55 000 clients-professionnels de la santé, des généralistes aux dentistes en passant par les hôpitaux publics de Paris, et 20 millions de visiteurs par mois, la plateforme de prise de rendez-vous en ligne acquiert MonDocteur en juillet 2018 et devient leader du marché.
Comment ça marche ?
Le médecin s’abonne ( à hauteur de 109 euros mensuel ) à la plateforme et externalise son secrétariat. Bien moins cher que le secrétariat à distance ou la secrétaire du cabinet, permettant une visibilité immédiate sur les recherches par internet, Doctolib mise tout sur l’ « expérience client ».
Forte de son respect des standards du RGPD, la plateforme a attiré de nombreux médecins qui craignaient des représailles juridiques pour la mauvaise gestion des données de leur patient par leur propre secrétariat.
Pour le patient, c’est gratuit. Les rappels automatiques et la facilité de prise de rendez-vous sont séduisants.
Menace sur la liberté du médecin
Un des premiers syndicats français à alerter sur le piège de Doctolib est L’Union Française pour une Médecine Libre (UFML) qui regroupe généralistes et spécialistes.
D’abord le syndicat dénonce la présence sur la plateforme de praticiens de médecine parallèle : naturopathes, énergéticiens, kinésiologues, sont mis au même plan que les généralistes agréés par l’Etat. Le patient trouve ainsi une information trompeuse et non éclairée.
Ensuite les déconvenues sur l’organisation des rendez-vous se multiplient. Les médecins français interpellent leurs syndicats sur les moyens peu cavaliers utilisés par Doctolib : sms pour annuler un RDV, le médecin est désigné responsable des changements même s’il n’y est pour rien.
Enfin les médecins affiliés à Doctolib sont référencés en premier dans les recherches Google. Ce qui induit une concurrence déloyale. Le scandale prend alors un tournant particulier : les patients de médecins non-clients sont détournés vers les médecins clients de la plateforme.
Quel levier pour les médecins ?
Il est désormais une évidence que les dérives de la eSanté peuvent être évitées si les médecins participent pleinement au virage numérique, par des plateformes coopératives de rendez-vous ou de référencement, au lieu de laisser la main à des startups. Le syndicat français déconseille d'ailleurs aux médecins français de s'abonner à la plateforme dans l’attente des modifications et clarifications promises par Doctolib, "d’autant plus qu’ il existe des solutions alternatives gérées et conçues par des professionnels de santé et que d’autres idées sont en cours de développement."
Pour le moment le Conseil National de l’Ordre des Médecins français n’a réagi sur ces dérives qu’en mettant en demeure la publicité de certaines plateformes de télémédecine.
Dernière minute : la mobilisation des médecins et la médiatisation ont eu raison de Doctolib. Il vient d'annoncer la modification de ses pratiques comme demandé par les méecins et leur syndicat.
Merci à @doctolib et @stanniox pour avoir agit promptement suite à ce que nous avons signalé avec @bdLegrand .
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) 30 octobre 2018
L’UFML-S comme indiqué dans le CP ci dessous, lève son action et maintien surveillance
https://t.co/jeYKs3LEA8