Peur de passer une IRM: la réalité virtuelle peut aider les patients

À l’aide d’un casque de réalité virtuelle, un thérapeute peut aider une personne qui souffre d’anxiété, d’arachnophobie, d’acrophobie… Noël Schepers en a fait la démonstration lors des récentes Assises de l’eSanté.

Ce 21 mars, la santé mentale était au centre des Assises de l’eSanté, co-organisées par Vivalia et la Province du Luxembourg. Plus de 250 participants ont pu découvrir des outils numériques qui peuvent aider des patients et les soignants à prévenir et guérir des troubles de santé mentale: burn-out, anxiété, dépression, assuétude…

Thérapie par exposition
Noël Schepers, psychologue clinicien, a démontré l’utilité de la thérapie en réalité virtuelle en présentant le logiciel C2Care. «La réalité virtuelle génère une expérience dans un environnement créé numériquement qui simule la réalité ou un monde imaginaire et des interactions via de multiples canaux sensoriels: vision, audition, toucher, odorat et goût», rappelle le psychologue qui utilise cette technologie depuis de nombreuses années. «En psychologie, la réalité virtuelle est un outil d’entrainement à l’intérieur d’un traitement psychothérapeutique. La thérapie par exposition en réalité virtuelle (TERV) permet d’exposer de façon progressive, répétée, hiérarchisée et accompagnée une personne à ce qui lui fait peur.» Des logiciels spécifiques permettent de traiter des phobies (serpent, avion, chat…), des tocs, de lutter contre des addictions, de se relaxer, de réaliser des exercices de kiné, de s’entraîner à se déplacer (pour une personne à mobilité réduite) dans un quartier… Il est également possible d’aider par la réalité virtuelle des personnes qui ont peur de devoir passer une IRM parce qu’elles sont claustrophobes. Une piste pour les hôpitaux qui veulent préparer au mieux les patients qui redoutent ce type d’examen. 

Noël Schepers estime que la réalité virtuelle peut convenir à tout le monde, en adaptant le casque à l’âge de l’utilisateur, en prenant certaines précautions et en tenant compte d’une série de critères limitatifs: audition, équilibre, troubles vestibulaires, épilepsie ophtalmique, migraine…

Le psychologue indépendant utilise les logiciels thérapeutiques de C2Care, une start-up française créée en 2015, et qui propose du matériel (casque, tablette…), des environnements scénarisés modulables et adaptés à la pratique clinique, des services (support en ligne, formation…) et un suivi thérapeutique à distance avec accompagnement par un psychothérapeute formé.

Dimension ludique
Pour avoir pu tester, en live, durant les Assises de l’eSanté la thérapie permettant de réduire la peur du vide, je peux témoigner que l’environnement proposé est particulièrement immersif. Grâce au casque, l’utilisateur est très facilement transporté ailleurs et peut tester ses capacités.  

«La réalité virtuelle permet d’enrichir le traitement, de l’individualiser, de faciliter la collaboration patient-thérapeute pour élaborer le traitement, d’apporter une dimension ‘ludique’», souligne le psychologue clinicien. «Les possibilités de développement et d’application sont immenses et touchent tous les domaines de la psychologie et de la psychothérapie. L›outil ne remplace pas le praticien mais vient l’assister. La réalité virtuelle ne modifie pas la nature de la thérapie et ne remplace pas la compétence du thérapeute.»

Dans sa pratique, Noël Schepers utilise la réalité virtuelle en complément de la prise en charge thérapeutique «classique» du patient. Le soignant qui veut utiliser cette technologie doit évidemment se former et s’équiper. Les coûts initiaux de l’équipement peuvent être un frein, mais la réalité virtuelle permet, entre autres, une observation plus directe et éthologique du patient, elle facilite la répétition comportementale et peut également être un facteur motivant pour suivre une thérapie.

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