Les patients auront-ils à l’avenir des jumeaux virtuels pour surveiller leur santé? C’est ce que propose un vaste programme européen baptisé Health EU. Il devrait ouvrir la voie à une véritable révolution dans la politique de santé des années futures.
Ce projet international et multidisciplinaire devrait bénéficier d’un financement du FET Flagship , un prestigieux programme de recherche pluridisciplinaire géré par l'Union européenne qui dispose d’un budget de 1 milliard d'euros sur dix ans.
Health EU est conduit par un consortium dont l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) est à la tête. Plus de 90 scientifiques, issus de 47 groupes de recherches de pointe (universités, instituts, cliniques, entreprises…) de 16 pays européens, sont directement impliqués dans Health EU. « Ce que nous proposons est une manière totalement révolutionnaire de traiter les questions de santé », explique Adrian Ionescu, professeur de nanoélectronique à l’EPFL et l’un des initiateurs du projet. Avec son système d’avatars, Health EU vise à instaurer une meilleure prévention, des diagnostics précoces, un suivi plus précis et un ciblage individualisé de l’administration de médicaments et de traitements, surtout dans le cadre des affections cardiovasculaires, des cancers, des maladies chroniques et neurodégénératives.
L’idée maîtresse du projet est de marier médecine personnalisée et digitalisation, en utilisant les développements technologiques les plus récents, tels que les objets connectés, l’intelligence artificielle et la notion des « jumeaux numériques » dont le principe est de créer une réplique digitale du patient, sur laquelle on teste et mesure les effets de variables, processus ou scénarios qu’il serait impossible d’appliquer dans le réel. « En associant avatars physiques et numériques, Health EU créera des « digital twins » d'un niveau encore inégalé» affirme le Belge Chris Van Hoof, directeur de Wearable Health Solutions, membre de IMEC et du Conseil de Direction du projet.
Toute une gamme de technologies
"Mais les Avatars ne sont pas de simples modèles numériques", précise le professeur Ionescu. "Ils seront développés et calibrés en permanence sur la base d'une grande quantité de données personnalisées, recueillies expérimentalement dans notre vie quotidienne. Les modèles avancés seront développés en utilisant l'intelligence artificielle. Dans les coulisses, nous allons créer l'infrastructure pour le futur internet des soins de santé afin de gérer les données sous la forme d'avatars humains authentiques."
Le projet Health EU prévoit de développer une plateforme technologique complète autour des patients et de leurs jumeaux virtuels, capables de générer des «données volumineuses et multiples». La plateforme prendra en compte et reliera les données génomiques et biologiques, mais aussi les données environnementales et comportementales, par exemple des informations sur les habitudes et les modes de vie des personnes. Pour collecter ces données, le projet prévoit d'utiliser toute une gamme de technologies de pointe: capteurs portables, implants, techniques de nanomédecine et imagerie médicale.
Il utilisera également la technologie «organ-on-chip», l'une des principales caractéristiques du projet. Cette technologie consiste à transférer des cellules sur une micropuce pour observer comment elles agissent et réagissent. Ce sera l'aspect le plus physique et le plus concret des avatars. La méthode offre la possibilité de tester les fonctions biologiques d'un organe mais en dehors du corps humain. L'effet d'un médicament pourrait aussi être mesuré à un stade précoce, en évitant les effets secondaires qui peuvent parfois être extrêmement nocifs, et en permettant aux traitements d'être adaptés le plus possible aux besoins du patient.
Cependant, il y a encore de nombreux défis à relever en termes de développement et d'amélioration des technologies, en organisant des collaborations entre experts de différentes disciplines et pays, et en protégeant les données collectées auprès des individus. "L'Europe doit maintenir sa souveraineté sur les données", explique Patrick Boisseau, vice-président de Healthcare chez CEA Tech et président du conseil d'administration de la plateforme technologique européenne sur la nanomédecine. Les informations seront stockées sur des serveurs situés en Europe.
Derniers commentaires
Charles KARIGER
08 mars 2018Il écrit: "L'Europe doit maintenir sa souveraineté sur les données"! Qui est-il, qui sont-ils pour prétendre qu'ils sont l'"Europe".
Hannah Arendt, George Orwell, François Revel et tant d'autres n'ont-ils pas suffisamment démontré que l'hyper-bureaucratie accompagne le totalitarisme sous le masque du bien public?
Pour moi, pas question d'être ainsi fliqué intégralement par Trucmuche, Ionescu ou par n'importe qui. Et bien décidé à en dissuader Patients, amis et autres.