Après avoir fait le tour des programmes des partis et de leurs propositions dans la santé , nous allons maintenant donner la parole à des médecins qui se sont engagés pour les prochaines éléctions dans les différents partis francophones. Pour cette première entrevue , un médecin qui se présente sur les listes du parti Défi.
Au coeur de sa pratique, le Dr David Zorman, chirurgien à Bruxelles et dans le Brabant wallon, vit au quotidien les défis des soins de santé pour les professionnels de la santé et les citoyens. A ce moment de sa carrière, ce passionné de musique, par ailleurs, a décidé de franchir le pas. De s’investir dans le débat de société en acceptant de se présenter sur les listes du parti DéFi. Un acte peu banal, dans un contexte particulier. En effet, cette élection 2024 est sans doute celle où les médecins sont les moins nombreux sur les listes. 5e sur les listes de la circonscription du Brabant Wallon pour la Chambre des représentants, il aborde ces élections avec sérénité et conviction : « Je suis en fin de carrière et j’ai plus de temps pour m’y consacrer. Je suis déçu par la politique et surtout dans nos matières de soins de santé. Je veux agir. Après le covid, les leçons n’ont pas été tirées. »
L’urgence de la concertation
Le choix de DéFi était évident pour lui : « Le programme me plaît. Nous avons un volet sur la bonne gouvernance, le décumul des mandats et la laïcité politique. L’Etat doit rester neutre, notamment dans les soins de santé. L’aspect religieux ne doit pas s’immiscer dans la loi euthanasie, dans les textes de loi sur l’interruption de grossesse…. Enfin, nous avons aussi annoncé notre décision de principe de ne pas nous associer à la NVA. »
Par rapport aux slogans de certains partis, le Dr David Zorman rappelle que « rien n’est gratuit. » Il veut plutôt améliorer l’efficience du système. « Un médecin ne doit pas accepter de faire une résonnance magnétique à un patient pour un bobo au genou après deux jours. Trop d’examens sont réalisés trop rapidement. »
Investir et rationnaliser
DéFi a clairement proposé une refédéralisation de toutes les compétences en matière de santé. « 8 ministres compétent pour la santé, cela ne peut pas fonctionner. Les médecins et les hôpitaux ne savent jamais qui sont les bons interlocuteurs. »
Il s’inquiète aussi du discours de certains partis qui veulent couper dans les budgets de soins de santé : « Au contraire, il faut réinvestir tout en rationalisant. La moitié des hôpitaux sont dans le rouge. La réforme de la nomenclature préparée par le ministre Vandenbroucke est nécessaire. Il faudrait toutefois plus de concertation avec les médecins. Ce ministre travaille trop sans concertation. »
Il donne un exemple des dégâts du manque de concertation : « Mme de Block a fait démonter 120 résonnances magnétiques. Aujourd’hui, on nous dit que les médecins demandent des suppléments parce qu’ils travaillent pendant la nuit. Cela n’a jamais été le choix des hôpitaux ou des médecins. Par ailleurs, des économies n’ont pas été réalisées puisque cela a amené les médecins à demander d’autres examens coûteux et parfois plus nocifs (scanner ou scintigraphie). »
Pour lui, le moment est venu aussi de ne plus séparer le préventif et le curatif et de supprimer le numerus clausus : « La corrélation entre le coût des soins et la diminution du nombre de médecins n’a jamais été démontrée. Si vous voulez diminuer les suppléments, la meilleure solution est d’augmenter le nombre de médecins et la concurrence. J’ai aussi été choqué par le projet des numéros Inami triple zéros qui a touché certains médecins…tout en amenant des médecins d’autres pays. »
L’enjeu de l’hospitalisation à domicile
À l’avenir, selon lui, l’amélioration du statut des médecins assistants en formation aura un coût pour les hôpitaux : « Le statut des spécialistes en formation s’est fortement amélioré depuis deux ans. Mais cela a pratiquement doublé "le prix" des assistants dans les hôpitaux et cela aura une charge financière importante pour les hôpitaux. »
Pour le Dr David Zorman, la priorité est d’améliorer le statut du personnel infirmier. « Des services sont fermés dans les hôpitaux. Les infirmières sont découragées de ne pas être payées correctement et leur spécialisation n’est pas reconnue à sa valeur. Il faut revoir le fonctionnement des hôpitaux par rapport aux taches données aux infirmières notamment au niveau administratif. »
Par ailleurs, les soins à domicile doivent être développés. « Cela ne pas va vider les hôpitaux. Ils débordent d’activité. Evidemment, la diminution de la durée de séjour ne va pas toujours dans le sens de la sécurité des patients. Il faut un vrai suivi du patient avec du personnel adapté (infirmières et assistantes sociales). Cela pourrait diminuer les coûts pour la société. Il faut aussi rappeler que la journée d’hospitalisation coûte plus cher à la sécurité sociale que les honoraires des médecins. »
Enfin, le Dr David Zorman lance un dernier appel: "Les élections sont toujours une occasion de voter pour de nouveaux visages pour renouveler la classe politique et amener de nouvelles idées. »