La violence envers les médecins est en hausse depuis le début du covid tant en Belgique qu’au Luxembourg. Dans ce contexte, le monde médical au Grand Duché du Luxembourg est interpellé après qu’une liste de patients considérés comme «persona non grata» ait été dressée au sein du Centre hospitalier de Luxembourg. 

Protéger le personnel

La direction assure qu’il ne s’agit que de protéger son personnel et que la loi de 2004 sur les droits des patients est respectée. « Il s’agit de « personnes qui, pour une raison ou pour une autre, ont un accès très limité aux services du CHL». Même « pour des actes médicaux programmés s’ils sont non urgents »  peut-on lire sur le site du magazine luxembourgeois Paperjam. 

La procédure choque en interne et suscite pas mal d’émoi au Luxembourg. Le magazine luxembourgeois a contacté l’administration du CHL qui se refuse de parler de «liste noire» et préfère évoquer «un suivi informatique des personnes, ce qui n’est pas à nos yeux une liste». Cela se justifierait par «la forte augmentation des actes de violence tant physique que verbale de patients à l’égard de nos médecins et soignants dévoués à leur prise en charge». Cela concernerait, selon le CHL, moins de 10 personnes «sur les 175.000 personnes suivies en 2021». Et ce serait principalement les urgences qui seraient le théâtre de tels faits.Toujours selon le CHL, les personnes inscrites sur cette liste sont prévenues par courrier.  Les patients peuvent évidemment se rendre dans d’autres hôpitaux.

Pas de liste en Belgique ?

Contacté par nos soins, deux hôpitaux en province de Namur et à Bruxelles nous ont dit ne « pas avoir de listes noires de patients mais rester très attentifs aux agressions de médecins et du personnel en général et surtout au sentiment de violence qui est en hausse dans les services actuellement. »
Pour rappel, en Belgique, le débat a déjà été mené par l’Ordre des Médecins en 2016 sur la mise en place d’une liste noire de patients après plusieurs agressions de médecin. Dans ses conclusions le Conseil national  de l'Ordre estimait que seule une loi peut régler l'usage éventuel de listes où figurent des noms de patients.

«La législation sur la vie privée ne nous permet pas de constituer des listes noires de patients difficiles», déclarait Michel Deneyer, vice-président de l’Ordre. “Or nous aimerions vraiment que les Sumehr nous renseignent sur les problèmes d’agressivité ou sur les risque de dérapage chez les consommateurs de drogues, par exemple.”

En attendant une réglementation légale, les médecins devront recourir à leur inventivité et à leur créativité afin d'assurer leur sécurité .