Luc Herry, généraliste en région liégeoise et co-président de l’Absym Wallonie, invite à se préparer à (mieux) gérer les situations pandémiques en anticipant. Cette anticipation inclut, selon lui, la construction de trois mégastructures à forte capacité mais à équipement adapté, et une formation spécifique et constante de soignants qui pourraient les rejoindre au besoin.
L’expérience de la pandémie de la covid-19 nous a apporté beaucoup de réflexions.
La gestion de cette pandémie s’est focalisée sur la capacité de nos hôpitaux à absorber le va-et-vient des patients en difficulté. Et comme, depuis des dizaines d’années, on supprime des lits d’hospitalisation, nos pays ne peuvent plus faire face à une affluence non programmée.
Pour éviter le confinement qui coûte des milliards et pèse lourdement sur énormément de personnes qui perdent leur emploi et/ou tombent dans des situations dramatiques de désespoir, il faut apprendre à gérer la situation avec anticipation.
L’anticipation, c’est d’abord d’avoir toujours à sa disposition du matériel de protection en quantité et en qualité suffisantes pour les soignants et pour la population.
Mais c’est surtout d’avoir une capacité de gestion de soins de la pandémie à venir. Et pour cela, nous devons créer, pour notre Belgique, trois hôpitaux spécialement dédiés à cette fin.
Trois hôpitaux d’une capacité de 6.000 à 10.000 lits, établis en Flandre, en Wallonie et en Région bruxelloise. Trois hôpitaux qui seraient donc conçus et construits précisément pour la gestion d’une épidémie, donc peu ou pas de salle d’op, pas de technique autre que la pandémie, pas de consultation autre que la pandémie. Des chambres pour malades seuls.
Il faut investir pour notre avenir, sereinement.
Ces trois bâtiments pourraient être utilisés, hors contexte de crise, comme kots ou pour l’accueil des étudiants Erasmus. Ou comme centres de revalidation. Voire d’autres affectations. Et une fois qu’une pandémie se déclare, les étudiants ou les patients en revalidation retournent chez eux, libérant ces structures qui sont apprêtées pour faire face.
Il faut également préparer constamment des soignants à cette éventualité, qui soient prêts à rejoindre les trois hôpitaux en cas de pandémie. Ces soignants suivraient une formation continue spécifique et seraient transférables en cas de pandémie. Car en pareil cas, la consommation médicale diminue fortement pour tous les soins non essentiels.
Par cette capacité importante de gestion de pandémie, le confinement pourrait être organisé de manière soft (télétravail, bulle sociale de 5-6 personnes, enseignement hybride, port du masque si contamination orale…) et ne pèserait pas aussi lourdement sur l’économie du pays.
Prévenir, c’est guérir.
Dr Luc Herry
Généraliste, président de cercle, co-président Absym Wallonie, vice-président Absym Fédéral
Derniers commentaires
Jean-Louis MARY
09 février 2021Trois hôpitaux dédiés exclusivement à d’hypothétiques pandémies qui n’arrivent que deux fois par siècle cela semble irréaliste.
L’actuelle pandémie a été bien gérée en intra-muros de façon efficace et avec un dévouement exemplaire des soignants, c’est au niveau des décideurs que celà a été problématique pour ne pas dire lamentable et ce n’est pas fini.
Après la saga des tests de celle des masques, la saga des vaccins est bien partie pour faire de la Belgique la lanterne rouge en terme de rapidité.
Pour gérer une Pandémie il faut un ministre de la santé qui décide et pas neuf qui décident de ne pas décider.