La ministre de la Santé publique Maggie De Block a estimé jeudi que tous les nouveaux-nés seront bien "reconnus en tant qu'individus", même si un accouchement "normal" tombera bientôt dans la catégorie des "soins hospitaliers a basse variabilité" en ce qui concerne le financement des hôpitaux. Le sujet inquiète les pédiatres, qui ont peur que la santé de la mère soit considérée comme primant sur celle de l'enfant.
"Les pédiatres répandent de fausses informations", estime la ministre jeudi, après le rassemblement de plus d'une centaine de pédiatres le même jour devant son cabinet pour lancer une campagne baptisée &q uot;Donnez-nous un visage". "Les bébés sont, bien sûr, reconnus en tant qu'individus", balaie-t-elle. "Les accouchements sont des prises en charge médicales courantes, et dans la plupart des cas, les soins pour la mère et l'enfant sont les mêmes".
Le nerf de la guerre dans ce dossier est le même depuis plusieurs mois: les différentes associations de pédiatres, aussi bien du sud que du nord du pays, regrettent qu'il est prévu que toutes leurs prestations et leurs soins, dans le cadre d'un accouchement et de ses suites éventuelles en service de néonatologie non-intensive, soient compris dans le financement forfaitaire fixé pour le package "accouchement" (sans complications sévères pour la mère). Un bébé "prématuré modéré", qui nécessite d'être placé en couveuse, de se voir placer une sonde d'alimentation ou un dispositif de ventilation, est normalement soigné à la s uite de l'accouchement en néonatologie non-intensive: tous ces soins, impliquant un pédiatre, devront être financés avec le même forfait unique, celui d'un accouchement normal considéré comme "soin hospitalier a basse variabilité", explique le Dr Pierre Philippet, président du Groupement belge des pédiatres de langue française. Même chose pour la présence du pédiatre à l'accouchement, quand celui-ci se présente comme étant à risque pour le bébé.
Ce n'est que quand le nouveau-né sera renvoyé vers le service de néonatologie intensive, avec un éventail de soins bien plus large et plus poussé, que l'on sortira du forfait standard. D'où la crainte aussi d'un effet pervers du nouveau système qui doit entrer en vigueur l'an prochain: qu'il pousse plus souvent que nécessaire à renvoyer les nouveaux-nés en néonatalogie intensive, pour permettre une facturation supplémentaire.
Du côté de la ministre, on souligne que cela fait des années que pour des raisons pratiques on fait une facture unique pour les soins à la mère et au nouveau-né, sauf si ce dernier requiert des soins spécifiques supplémentaires. "L'objectif des soins à basse variabilité est d'éviter l'utilisation impropre des moyens disponibles", rappelle Maggie De Block. Elle voit surtout dans les protestations des pédiatres une volonté de se soustraire intégralement au nouveau règlement. Entre-temps, on travaille à un dédoublement intégral de la facture pour mère et enfant. "Cela deviendra systématique, mais là aussi les soins à bas se variabilité seront d'application", prévient-elle.
Selon Pierre Philippet, l'action des pédiatres de jeudi avait été annoncée à la ministre il y a quelques jours, ministre "qui n'a pas daigné nous répondre", précise-t-il. Après une conférence de presse à l'hôpital Saint-Jean, des représentants des pédiatres sont retournés jusqu'à son cabinet, où une pétition a été remise à un collaborateur, ou plutôt "1.248 pétitions", selon Pierre Philippet. Le document, essentiellement signé par des pédiatres, stipule qu'ils estiment que le nouveau "financement des soins à basse variabilité" pour l'accouchement est "discriminatoi re pour le nouveau-né" qui n'est "pas reconnu comme individu à part entière" vu que "le financement des soins qui lui seront prodigués seront dépendant de la santé d'une tierce personne, en l'occurrence sa maman"
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