Alain Javaux, aux commandes du Groupe CHC depuis 23 ans, analyse pour Le Spécialiste les pistes de réforme du secteur hospitalier. Il invite les autorités à s’inscrire dans une logique à long terme, répondant mieux aux véritables besoins du terrain.
« Nous n’avons pas le sentiment d'être hyperécoutés par les autorités », confie d’emblée le directeur général du Groupe CHC. « Si elles veulent aller trop rapidement dans la réforme du secteur, cela va faire réellement très mal. Dire, par exemple, que tous les petits sites de proximité vont, à court terme, devenir des hôpitaux de jour et des consultations, à titre personnel, je n'y crois pas. C’est irréalisable du jour au lendemain. Il convient de s'inscrire dans une logique à long terme, en répondant au mieux aux besoins du terrain. Prenez notre exemple : pour les trois sites concernés, sans parler du réseau, avec un niveau moyen d’occupation de 70 %, où va-t-on mettre les patients si les hôpitaux connaissent une saturation comme on en a connu avec l’épidémie de grippe/Covid ? Le système n’est donc pas prêt. »
Les autorités sont-elles déconnectées du terrain ? « Elles mettent la barre à 200 lits, en incluant la gériatrie et la revalidation. Il faut rappeler que les sites de proximité, au-delà de l'hôpital de jour et de la consultation, ont une pertinence, notamment pour les malades chroniques. »
Files d’attente
Le directeur général estime que « si la volonté est de réduire le nombre de lits à ce point, on risque de se retrouver avec des files d'attente catastrophiques. »
Il ne cache pas son inquiétude quant à l’effet de certaines mesures de rationalisation de l’offre hospitalière sur le personnel. « Si les autorités veulent mettre en place un tel plan, bonjour la casse sociale ! De nouveau, il faut connaître les hôpitaux de l’intérieur. Repositionner les infirmières, les médecins, ce sera déjà une démarche qui ne sera pas facile, mais tous les autres métiers de l’hôpital : l'entretien, la maintenance, l'hôtellerie, ce sont des centaines d'emplois. C'est une vision très académique de la chose. Comme on le dit en psychologie, dans la vie, il y a le principe de plaisir et le principe de réalité. Nous sommes ici en plein principe de plaisir. Cette réflexion/ce plan ne repose sur aucune réalité de terrain. Chez nous, à Hermalle, nous avons 110 lits... mais 20 000 urgences. Nous n’allons pas rapatrier les 20 000 urgences au MontLégia où elles sont déjà saturées. »
> Lire l’intégralité de l’interview d’Alain Javaux dans Le Spécialiste n° 233.