Abus sexuels d’enfants par un médecin en France : et si c’était en Belgique ?

Un ancien chirurgien français est accusé d’abus sexuel envers des patients mineurs. Des voix s’élèvent pour questionner l’attitude de l’Ordre des Médecins, qui n’aurait pas fait preuve, selon ses détracteurs, d’une très grande vigilance devant pareille situation. Que ferait l’Ordre des Médecins en Belgique si cela se produisait chez nous ?

Une affaire pose question en France à propos d’un ancien chirurgien accusé d’abus sexuels sur plusieurs centaines de ses patients, mineurs pour la plupart. Un procès est en cours, mais d’aucuns reprochent à l’Ordre des Médecins (français) de ne pas en faire assez pour condamner ces faits et même, disent-ils, de condamner plus facilement les médecins lanceurs d’alerte que les auteurs d’abus. Comment réagirait l’Ordre des Médecins en pareil cas ?

Une réponse ferme de l’Ordre belge

Lorsqu’on lui a posé la question, le Pr Christian Mélot, vice-président francophone de l’Ordre des Médecins, a répondu de manière formelle, exemples à l’appui, que l’Ordre se montrerait sévère devant pareille situation. D’ailleurs, cela s’est déjà produit. Ainsi, il y a deux ou trois ans à peine, un pédiatre belge a fait l’objet d’une perquisition, qui a donné lieu à la découverte d’images pédopornographiques en sa possession. Il a même été soupçonné d’avoir photographié et/ou filmé lui-même des enfants, non pas pour des raisons didactiques, mais pour son « plaisir » personnel. Il a été incarcéré pour ce motif. L’Ordre l’a immédiatement désinscrit, la possession d’images pédopornographiques étant condamnable aux yeux de la loi.

La prudence face à la présomption d’innocence

Dans ce cas-là, les faits étaient flagrants. Mais le Pr Mélot insiste sur l’attitude généralement adoptée par le Conseil de l’Ordre, qui a la prudence d’attendre une décision de justice avant de se prononcer lui-même. « Le risque d’erreur est parfois important, la présomption d’innocence est un principe de base dans notre droit et il est plus sage de se fonder sur l’autorité de la chose jugée », explique le vice-président de l’Ordre.

Bien sûr, rien n’empêche l’Ordre de prendre l’initiative d’une instruction. Dans le cas qui se déroule en France, il semble bien que le chirurgien en cause ait déjà fait l’objet de condamnations précédentes par la justice de son pays. On constate d’ailleurs qu’il a professionnellement « erré » d’hôpital en hôpital, peut-être à cause d’un passé répréhensible connu. Si cela survenait en Belgique, l’Ordre n’aurait pas grande hésitation à s’enquérir de la réalité et à agir en conséquence.

Une frontière entre morale, éthique et justice

On se trouve dans un domaine très délicat où la morale et l’éthique, au sens général et au sens professionnel, sont mises à mal. Cela ne peut rester ignoré et sans conséquences pour l’auteur des faits. Mais il ne faut pas oublier non plus les droits de la défense. Il est donc nécessaire non seulement d’entendre l’intéressé, mais aussi d’être discret, au moins tant que la justice n’a pas conclu.

Un autre cas, différent de ceux dont il a été question plus haut, s’est présenté chez nous. Il s’agissait de plaintes d’infirmières au sujet d’un médecin trop entreprenant à leur égard dans leur milieu professionnel. L’institution a congédié immédiatement cette personne sans indemnité. L’affaire est toujours en cours en ce qui concerne le droit du travail. L’Ordre, qui avait d’ailleurs appris les faits par la presse également, a demandé des informations à l’institution et a convoqué l’intéressé en vue de l’entendre. La suite ne relève pas de la place publique…

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