Le «premier centre d'art urbain flottant au monde», selon ses concepteurs, a ouvert ses portes lundi à Paris sur un bateau où se côtoient les plus grands noms de l'art de rue, de Banksy à Vhils en passant par JR et Keith Haring.
C'est un bateau tout en transparence, au design dépouillé, qui s'ouvre rive gauche sur 1.000 mètres carrés et trois niveaux. Avec ses baies aux extrémités, il a été conçu de telle sorte que l'on voie les œuvres du street art dans l'enfilade des ponts sur la Seine.
De la vaste cale de 3,5 mètres de hauteur, on se sent au plus près du fleuve. Le clapotis des flots monte d'une darse intérieure où poussent les plantes d'eau et où viennent se sustenter les canards.
La Ville de Paris a retenu ce site pour un centre d'exposition gratuit, au bord d'un quai où passent deux millions de personnes chaque année, alors que Paris est sujette à une «streetartomanie», avec des projets et expositions d'art urbain fleurissant de toutes parts.
Fluctuart est «un lieu hybride: lieu festif avec restaurant, rooftop, librairie, et lieu de création artistique, qui, dans la logique du street art, doit rester accessible à tous», résume Nicolas Laurego Lasserre. Cinq cents visiteurs au maximum pourront monter sur le bateau, pour raisons de sécurité.
Première à inaugurer l'espace d'exposition permanente, l'Américaine Swoon est venue pendant 15 jours en juin investir la cale du bateau avec son «Time Capsule». Celle qui avait fait l'évènement en 2013 à la Biennale de Venise en débarquant de la mer sur un radeau surmonté d'une pyramide de déchets, y expose la précarité urbaine avec ses silhouettes découpées.
A l'étage intermédiaire et jusque sur les quais, une collection permanente rassemble sur des vitrines de verre modulables les plus grands noms du street art, avec pour chacun au moins une œuvre: Banksy, JR, Shepard Fairey, Vhils, Roa, Invader, Keith Haring, Nasty, etc...
Pour ce projet un peu fou, Nicolas Laurego Lasserre s'est associé à deux autres passionnés: Géraud Boursin, associé-gérant d'une entreprise spécialisée dans l'hôtellerie de plein air, et Éric Philippon, investisseur dans des PME non cotées du secteur du tourisme.
Quatre millions d'euros ont été investis pour ce bateau pensé, inventé et construit en quatre ans. Il n'y a pas eu de subvention publique, et les trois concepteurs comptent sur la restauration et la location de la terrasse pour des performances et soirées festives afin de compenser la gratuité.
Dans un partenariat avec l'ICART (école du management de la culture et du marché de l'art) que dirige Nicolas Laurego Lasserre, les étudiants feront des visites guidées pour un public qui connaît mal et a parfois des préjugés sur le street art.