Le secteur des soins de santé doit évoluer ainsi que son financement. Ceux qui opposent des arguments contre la fermeture des maternités ou la mise en place des réseaux, ne tiennent jamais compte de la vue d’ensemble : pour sauver la solidarité, l’accessibilité et la qualité, pour financer l’innovation et les nouveaux traitements (qui sauvent des vies), il faut accepter les principes du « value-based care » et de l’efficience mais il faut aussi accepter d’évoluer pour ne pas casser l’outil, et cela vaut aussi pour le secteur de l’assurance privée.
La position récente de la DKV – d’exclure certains hôpitaux de ses contrats - quoique regrettable est compréhensible. Il s’agit pour une compagnie privée qui doit répondre à des contraintes de recettes et de coûts et qui doit respecter certaines règles légales qui lui sont imposées, qui lui interdisent de répercuter une augmentation de ses coûts sur les primes, sans demande spécifique, motivée et argumentée aux autorités compétentes. Or cette argumentation est devenue complexe : comment justifier constamment, pour un risque identique, des coûts qui explosent ? D’un autre côté, dans le marché de l’assurance privée (et c’est un marché) la régulation se fera aussi par le jeu de la concurrence entre les compagnies, tout comme cela s’applique aussi aux hôpitaux, dont un grand nombre se comporte comme les assureurs, et sont en quête de croissance alors que leur mission d’acteur de la santé serait de soigner en étant responsable des deniers publics.
Les raisons d’exister de ces soi-disant « suppléments » d’honoraires sont diverses, mais la principale est liée au besoin d’une valorisation correcte du travail des médecins ( et des autres soignants ) parce que les tarifs actuels couverts par la sécurité sociale sont insuffisants et ne tiennent pas compte du temps consacré, du risque et de la complexité, de l’expérience et de l’ancienneté, de la disponibilité du médecin et de la personnalisation, de l’expertise acquise au prix de longues formations et enfin du coût de certains matériels spécifiques.
En revanche ce sont les « prélèvements » hospitaliers sur les honoraires des médecins qui expliquent en grande partie l’augmentation plus importante de ces derniers. Les médecins doivent en effet céder une partie de plus en plus importante de leurs honoraires, dont ce qui est qualifié de « suppléments », pour couvrir les déficits et pour assurer les ambitions des hôpitaux. Et cela m’attriste de constater que les médecins hospitaliers, au travers de leurs conseils médicaux, sont de moins en moins armés pour se faire entendre ou comprendre, alors qu’ils devraient être l’interlocuteur principal dans ce débat.
Nous plaidons pour plus de transparence dans l’affichage des coûts globaux du séjour hospitalier, en y incluant le financement complet perçu par l’hôpital, en plus des honoraires médicaux mais aussi la part de celles-ci qui sont ponctionnées par l’hôpital. Nous acceptons également de travailler sur une modération de cette évolution, pour autant que les médecins reprennent la main sur la gestion de leurs honoraires. Enfin, nous regrettons le lien spécifique des « suppléments », qui ne sont que les honoraires demandés par le médecin, au choix de la chambre – ce qui relève de l’hôtellerie, ce qui crée une inéquité de traitement entre les médecins hospitaliers et ceux de l’ambulatoire mais aussi entre les différentes spécialités au sein de l’hopital.