Les «erreurs médicales» équivalent à 10 à 25 crashs aériens chaque année en Belgique (Dr Jean Creplet)

Entre 2.500 et 5.000 morts par an sont liées à des évènements indésirables*, soit l’équivalent de 10 à 25 crashs aériens chaque année en Belgique, constate le Dr Jean Creplet.

Pourquoi présenter les morts par erreur médicale en victimes de crashs aériens? Parce que dans l’aviation, la «culture de la fiabilité», fondée sur les facteurs humains, a diminué drastiquement le nombre d’accidents. La peur de signaler une anomalie, l’inaccessibilité des supérieurs, les craintes de sanctions ou de pénalités financières, le manque de clarté dans la communication et d’autres crispations relationnelles nuisent autant au traitement d’un malade fragile qu’au pilotage par gros temps.

Pourquoi ce qui marche dans l’aviation ne se transpose-t-il pas plus vite dans le monde médical?

Il existe d’innombrables textes légaux sur le peer review, sur le rôle des médecins chefs et médecins chefs de service, sur les registres, sur les programmes de soins..., sans parler des interminables débats sur les indicateurs de la qualité. Malgré tout cet arsenal, le directeur de la PAQS, constate: «Cela fait près de 20 ans que moultes recommandations ont été publiées sans qu’on puisse dire qu’il y a eu de réelles avancées

Tout n’est pas noir! Certaines spécialités collectent des données sur leurs pratiques et en tirent des leçons. Dans les GLEMS, les médecins analysent leurs cas vécus. L’étude systématique des retours d’expérience forme un des piliers de la culture de la fiabilité.

Mais alors, pourquoi tant de freins à sa généralisation?  Une explication parmi d’autres: il très facile de parler de la qualité des soins dans des lieux totalement déconnectés des malades et des praticiens. Ces derniers n’ont même pas connaissance de ces discours. Et les rares qui les entendent s’irritent d’être jugés de loin, les facteurs humains toujours!

La première condition pour améliorer la qualité est de cesser d’en parler à distance de ceux qui doivent la faire. Certains messages du site de la PAQS évoquent ce rapprochement. Heureux présages?

Mais les médecins eux aussi devraient s’intéresser à la prévention des erreurs médicales.

Voilà pourquoi les Chambres francophones de l’ABSYM ont pris deux initiatives.

1° L’enquête " Erreurs médicales: vos expériences, vos attentes pour limiter les risques" auprès des médecins et des conseils médicaux sur leur perception du problème des erreurs médicales, avec l’aide des journaux Medi-Sphere et Le Spécialiste.

Un séminaire qui aura lieu le 18 novembre 2017. Les résultats de l’enquête y seront présentés.

* Chiffres cités par Denis Herbaux, CEO de la plate-forme pour l’amélioration continue de la qualité des soins et de la sécurité des patients – PAQS (Le Spécialiste N° 110 du 7 septembre 2017).

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Derniers commentaires

  • Baudouin Labrique

    03 avril 2018

    "Les hôpitaux plus meurtriers que la route" (2009)
    "En Belgique, plus de 1.500 personnes décéderaient chaque année suite à une hospitalisation, écrit lundi Vers l’Avenir qui se base sur des données du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCF) provenant d’un chercheur de la KUL.
    Ces personnes meurent à la suite d’un « événement indésirable » survenu dans un centre de soins. Il s’agit, selon le KCF, « d’une lésion ou d’une complication non intentionnelle, entraînant une invalidité, la mort ou une prolongation du séjour hospitalier pour le patient et imputable à la gestion des soins hospitaliers plutôt qu’à la pathologie du patient ».
    Selon Baudouin Byl, médecin hygiéniste à l’hôpital Erasme à Bruxelles, « les événements indésirables oscillent entre 6 et 10 % des admissions à l’hôpital ». La société mutualiste Medical Services fait quant à elle état de 20.000 erreurs médicales chaque année, dont 2.000 débouchent sur le décès des patients.
    Interrogée sur le fait que l’hôpital « tuerait » donc plus que la route, la ministre de la Santé, Laurette Onkelinx estime que cette situation est « inacceptable ». « Nous disposons d’une offre hospitalière de grande qualité », dit cependant la ministre qui souligne que chaque année, des moyens supplémentaires sont engagés pour diminuer sensiblement le phénomène." (Agence Belga - 19/01/09)


    Bien avant 2006, voyez les chiffres concordants :
    Extrait du livre : « Quand les thérapeutes dérapent »

    « La Mort par la médecine »

    « Voici un alignement de conclusions de quelques études dignes de foi, à propos des effets mortifères de la médecine.
    « Les médicaments tuent plus que les accidents de la route », constate la revue scientifique Science et Avenir(1) ; en Belgique, « les hôpitaux sont plus meurtriers que la route »(2) ;
    ce qui ne devrait pas être différent ailleurs dans le monde, Outre-Atlantique, le réputé Journal of the American Medical Association avait établi que la troisième cause de mortalité aux États-Unis était « les médecins et la pharmacie » (effets mortels des traitements et médicaments), ce qui provoquerait « 250 000 morts par an »(3).

    Le rapport américain « La Mort par la médecine » (2004) a rassemblé toute la littérature médicale des États-Unis dans une étude rigoureuse et détaillée : la médecine est devenue « la première cause de mortalité hospitalière aux USA » :
    Patients souffrant d’effets secondaires des prescriptions de l’hôpital : 2,2 millions par an – Antibiotiques inutiles prescrits pour infections virales : 20 millions par an – Procédures médicales et chirurgicales inutiles : 7,5 millions par an – Hospitalisations inutiles : 8,9 millions par an – Morts causées par la médecine conventionnelle : 783 936 en 2003 (4).

    (1) D’après la revue scientifique Sciences et Avenir de décembre 2006 dans un dossier de cinq pages ; elle relate qu’en France « le système de pharmacovigilance, chargé de détecter et prévenir les effets secondaires des traitements, n’en décèlerait que 5 % »
    (2) « En Belgique, plus de 1 500 personnes décéderaient chaque année suite à une hospitalisation » ; un « événement indésirable » survient « dans un cas sur dix », source Le Soir du 16 janvier 2009 (http://archives.lesoir.be/?action=nav&gps=682987). >>>
    (3) JAMA, n° 284 de juillet 2000.
    (4) Publié dans Life Extension Magazine, établi par les Drs Gary Null, Carolyn Dean, Martin Feldman, Debora Rasio et Dorothy Smith (http://www.silvergen.com/Death%20by%20Medicine.htm). Vu la ressemblance des systèmes de santé en Europe, les chiffres des statistiques qui lui seraient propres ne devraient pas fortement différer.

  • Michel HAAS

    07 octobre 2017

    Je pense que tout cela est vraiment très pertinent;et quand cela aura atteint le niveau de l'aviation il faudra se préoccuper des erreurs politiques administratives et judiciaires;pourquoi ce qui marche dans l'aviation ne s'y trouve même pas abordé?Ou bien ce pourrait peut-être abordé dès maintenant?

  • Michel HAAS

    07 octobre 2017

    Je pense que tout cela est vraiment très pertinent;et quand cela aura atteint le niveau de l'aviation il faudra se préoccuper des erreurs politiques administratives et judiciaires;pourquoi ce qui marche dans l'aviation ne s'y trouve même pas abordé?Ou bien ce pourrait peut-être abordé dès maintenant?

  • Isabelle LIEBENS

    25 septembre 2017

    Cher Confrère ,
    Ces statistiques anglosaxonnes sont celles d'évènements indésirables extrapolées à la Belgique (qui n'a pas de système de déclaration obligatoire ).
    Ces chiffres illustres les conséquences d'évènements dont les causes sont multifactorielles et multidisciplinaires.Résumer le problème aux erreurs médicales va à l'encontre de l'objectif d'amélioration .
    Renforcer la sécurité des soins en donnant des moyens supplémentaires ,comme pour la sécurité routière et la sécurité aérienne voilà le défi à venir.

  • Jean CREPLET

    23 septembre 2017

    Cher Confrère DEVITGH, si vous en restez au titre, je vous comprends. Mais de grâce, pour en savoir plus participez à l'enquête et venez au séminaire du 18 novembre. Vous y apprendrez que les valeurs défendues par la plupart des médecins, la liberté de choix, l'écoute de l'expérience du praticien et des préférences du patient sont aussi à la base des stratégies qui permettent de réduire les erreurs.
    Revoici le lien du séminaire:
    http://www.absym-bvas.be/seminaires-congres-publications/18-11-2017-erreurs-medicales-et-organisation-de-la-medecine-implications-pour-la-reforme-des-hopitaux-et-les-soins-ambulatoi-20170911120243
    Très cordialement.

  • Thierry DEVITGH

    22 septembre 2017

    Avec des titres aussi "populistes" il ne faudra pas être surpris d'être, une fois de plus, la risée de la presse grand public.
    Encore un encouragement massif pour les médecins en général et pour les généralistes en particulier.
    Merci Confrère.