C’est une véritable débâcle que connaît le service national de santé britannique, le NHS : services hospitaliers totalement débordés, patients attendant parfois une journée entière sur un brancard avant d’être admis dans un service hospitalier, interventions chirurgicales non-urgentes postposées à des mois, des centaines de médecins recrutés dans des pays du tiers monde, un nombre croissant de patients qui optent pour la médecine privée, … : les symptômes de la maladie dont souffre ce système de santé au Royaume-Uni sont multiples et variés.
Mais c’est sans doute la limitation à 10 minutes de la durée de la consultation chez les généralistes qui nous apparaît comme la plus choquante. Car que peut-il se passer dans un cabinet médical en 10 minutes ? Le temps pour le patient de se déshabiller, de formuler en quelques mots sa ou ses plaintes, de répondre à quelques questions forcément standardisées, de subir un examen physique rudimentaire (auscultation cardio pulmonaire, prise de la pression artérielle) et de se rhabiller, avec à la main une prescription rédigée à la hâte et souvent un petit mot pour un spécialiste, qui doit alors achever ce travail bâché : les 10 minutes sont passées.
N’est-il pas hallucinant de constater que dans l’un des pays les plus riches du monde, les patients sont à peine mieux traités que du bétail, à moins de recourir à un circuit privé parallèle où, contrairement à ce qui se passe chez nous, il n’y a plus aucune règle de mise, notamment en matière d’honoraires ? Un circuit où la médecine libérale est devenue une médecine ultra-libérale où tout, ou à peu près, est permis.
Ce drame permanent s’explique surtout par la volonté têtue du gouvernement conservateur de serrer au maximum les cordons de la bourse et de maintenir le coût des soins de santé à un plancher qui est le plus bas des pays de l’OCDE, au grand dam même des dirigeants du NHS.
Si l’herbe est encore actuellement plus verte chez nous, cette tendance lourde à faire des économies à tout prix commence à infiltrer le secteur des soins de santé dans toute l’Europe également. La limitation de plus en plus drastique des coûts devient l’élément primordial et parfois quasi-unique de la politique de santé dans l’ensemble des pays européens.
La limitation de la durée des consultations s’y impose également, tant dans les hôpitaux publics, sérieusement sous-financés, que dans les institutions privées, en quête d’une meilleure rentabilité financière. Une évolution d’autant plus déplorable qu’elle semble aujourd’hui irréversible.
Derniers commentaires
Charles KARIGER
01 mars 2018Plus verte chez nous? Voire!
Dans bien des hôpitaux publics, la durée des consultations est d'ores et déjà limitée à QUINZE minutes!
Peut-être une prochaine version des logiciels "labellisés" interrompra-t-elle toute consultation plus longue que le délai accordé par l'Autorité (= Agence intermutualiste).