Les médicaments antipaludiques peuvent s'avérer efficaces contre la schistosomiase, la maladie parasitaire la plus meurtrière au monde après le paludisme, révèle jeudi une étude menée par l'Institut de médecine tropicale (IMT) à Anvers.
L'IMT parle d'une "alternative thérapeutique prometteuse pour une maladie tropicale négligée". La schistosomiase est causée par une infection due à des vers parasites présents en eau douce dans certains pays tropicaux et subtropicaux. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), on dénombre chaque année 200 à 250 millions d'infections, responsables de 200.000 décès. Les enfants sont particulièrement sensibles à cette maladie. Et, généralement, les populations pauvres des zones rurales de l'Afrique subsaharienne sont les plus à risques.
Si elle n'est pas traitée, l'infection peut toucher les poumons, le foie, la rate, la vessie et les intestins.
"Jusqu'à présent, le traitement reposait sur un seul médicament, le praziquantel", rapporte l'institut. "En raison de son utilisation massive, le parasite est devenu plus résistant au médicament. À la recherche d'une alternative, notre équipe s'est alors penchée sur la combinaison de deux médicaments : l'artésunate et la méfloquine, un traitement largement utilisé contre le paludisme."
Une étude clinique a ainsi été menée sur 718 enfants répartis dans des écoles primaires du nord du Sénégal - où la schistosomiase est assez répandue -, en collaboration avec l'Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF) de Dakar, au Sénégal.
"Nos résultats montrent que la combinaison antipaludique est sûre pour le traitement de la schistosomiase et qu'elle est aussi efficace que le praziquantel", a déclaré le professeur Emmanuel Bottieau. "Cette découverte ouvre des perspectives pour les traitements de seconde ligne ou pour les co-infections liées au paludisme, un problème courant dans les pays africains."
"La schistosomiase est l'une des cinq principales maladies pour lesquelles les personnes nous sollicitent au retour de leur voyage à l'étranger", conclut l'institut. "Les hôtes s'infestent en nageant ou en pataugeant dans des eaux douces contaminées."