Solidaris et la Mutualité chrétienne (MC) s'opposent à la marchandisation des aides et soins à domicile et en font un enjeu majeur des prochaines élections, ont annoncé vendredi en front commun leurs représentants, à Namur.
Le vieillissement de la population doit orienter les politiques vers des décisions fortes, selon les mutualités. Sur base des projections du Bureau du Plan et de Statbel, elles rappellent que le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus va doubler en Belgique d'ici 2050, par rapport à 2022, passant de 5,6% à 10,1% de la population.
Dans ce contexte, Solidaris et la MC insistent sur l'importance de dégager des moyens permettant à chacun de rester aussi longtemps que souhaité à domicile. La demande en aides et soins à domicile est appelée à fortement augmenter. Il faut donc que les politiques suivent le mouvement.
Outre le vieillissement de la population, le secteur fait face à une pénurie de personnel, un sous-financement structurel et une surcharge administrative, rappellent les mutualités. Plus inquiétant encore selon elles, les soins et aides à domicile sont en proie à une profonde marchandisation, des opérateurs commerciaux comblant les lacunes du système actuel.
Pour Solidaris et la MC, le refinancement global du secteur doit être une priorité de la prochaine législature. Pour l'heure, la croissance annuelle moyenne des besoins financiers du secteur entre 2025 et 2029 est estimée à 6,6%, soit le double de la croissance moyenne des dépenses de soins de santé. Cela inquiète d'autant plus les mutualités que certains partis plaident pour une augmentation annuelle moyenne de 1,4%, proportionnellement à la croissance du PIB.
Le fédéral, dont dépendent les soins à domicile, et les Régions, qui légifèrent en matière d'aides à domicile, sont dès lors appelés à prendre conscience de la gravité de la situation.
"Sans sursaut du monde politique sur cet enjeu du vieillissement de la population, nous allons droit dans le mur en déroulant le tapis rouge à la marchandisation de l'aide et des soins à domicile", ont déclaré en front commun Alexandre Verhamme, directeur général de la MC, et Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris. "Nous ne voulons pas de modèles économiques mercantiles, comme ceux qui ont mis en difficulté le secteur des maisons de repos."
En sus, les mutualités pointent la nécessité d'améliorer les conditions de travail des travailleurs du secteur. Selon elles, il faut mieux tenir compte de la pénibilité de ces métiers, améliorer la formation et la gestion des fins de carrière, tout en réfléchissant aux possibilités en matière de transition professionnelle. L'accessibilité des soins doit également être au centre de la démarche politique, l'aspect financier ne devant pas être un frein pour les plus précarisés.