Selon une récente thèse française, au cours de leur étude, deux tiers des étudiantes en médecine ont subi des violences sexuelles. Le travail de nuit et les stages en chirurgie augmentent le risque ... et les hommes ne sont pas épargnés.
C’est l’étude choc de la semaine dans le secteur hospitalier. En France, deux doctorantes en médecine, Line Zou Al Guyna et Malyza Mohamed Ali ont réalisé leur thèse de doctorat sur « les violences sexuelles au cours des études de médecine : Enquête de prévalence chez les externes d’Ile-de-France. » Avec une originalté intéressante, les questions de l'enquête était formulée sous forme d'un dessin ! Pour les deux doctorantes "cette méthodologie permet à davantage de victimes, qui ne se déclareraient pas comme telles dans les questionnaires classiques n'utilisant que le texte, de pouvoir faire connaître les violences vécues."
Services d’urgence ou de réanimation
A la lecture de la thèse, on remarque que « les victimes sont le plus souvent des femmes et les agresseurs des supérieurs hiérarchiques ou co-étudiants. Les violences sexuelles semblent globalement plus présentes dans les spécialités chirurgicales, spécialités au cours desquelles les étudiants travaillent la nuit. » Les services d’urgence ou de réanimation, sont également considérés comme dangereux. L’enquête montre « aussi que le risque de harcèlement sexuel semble plus élevé si la personne y a déjà été confrontée. Enfin, un antécédent de dépression pourrait être un autre facteur de vulnérabilité. »
11% des hommes également concernés
Au fil de leur enquête, les deux doctorantes en médecine ont remarqué que deux tiers des étudiantes en médecine ont subi des violences sexuelles. 60 % des femmes au cours de leur étude sont concernées. Ce risque touche également les hommes : 11 % déclarent avoir vécu au moins une situation de violence sexuelle.
Plus de stages, plus de risque
L’étude pointe également du doigt le danger de la multiplication des lieux de stages. « Plus on fait de stages en hôpital, plus la probabilité d’être victime augmente. La plupart des agresseurs sont les supérieurs hiérarchiques des victimes. Plus interpellant, 80 % des étudiantes ignorent le caractère illégal des actes imposés ».
Le danger pour les futurs médecins
Ces agressions sexuelles ont également un impact sur l’avenir des étudiants médecins. Diverses études montrent que les violences sexuelles induisent en effet de lourdes conséquences notamment psychiques et somatiques, parfois secondaires à un syndrome de stress post-traumatique : anxiété, irritabilité, insomnie, dépression parfois sévère avec idées suicidaires, conduites addictives. D’autres études montrent que les médecins, qui sont victime de violence sexuelle, manquent de confiance dans leurs compétences cliniques et se remettent plus en cause que les autres. Les victimes de sexisme et de violences sexuelles au cours des études médicales ont donc un vécu très différent de leur formation, avec notamment une posture soignante plus fragile.
La sensibilisation
En conclusion, les deux doctorantes, qui exercent maintenant comme généralistes, espèrent que leur travail contribuera à susciter la mobilisation de l'ensemble des personnes concernées pour que les futures générations de soignant(e)s puissent apprendre leur métier dans des conditions qui les protègent des violences sexuelles. "Les responsables universitaires et hospitaliers ont bien sûr une grande responsabilité, que ce soit dans la mise en œuvre de programmes de prévention ou dans la prise en compte des témoignages de victimes, à des fins de protection des étudiant(e)s et de répression des auteurs des violences."
Pour combattre cette situation, un groupe de travail avec le docteur Martin Coutellier (département de médecine générale de Paris 7) entend monter une pièce de théâtre-forum pour sensibiliser les étudiants aux violences sexuelles et la faire jouer en début de quatrième année, au moment du début des externats et de l’augmentation du risque de violences sexuelles.
En Belgique, pour la Féderation Wallonie Bruxelles, le Comité interuniversitaire des étudiants en médecine (CIUM) et le Comité interuniversitaire des médecins assistants candidats spécialistes (CIMACS) annoncent également lancer une grande enquête sur ce sujet.
> Découvrez la thèse
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Le débat se poursuit sur @LeSpécialiste et @MediSphereHebdo
Moi je tombe des nues. Déjà l’étude de @JeromeLechien puis ça! pic.twitter.com/kIAChi4UMN
— Roland Vaesen (@vaesen_roland) 5 avril 2019
A part ça , les assistants submergés pendant leur formation et l’augmentation galopante des burn out... tout va très bien Madame la marquise...
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 5 avril 2019
Certes c'est inadmissible mais on sait tous aussi que les "relations" entre "collègues" dans les hôpitaux sont fort fréquentes...
— roi des pirates (@roidespirates) 5 avril 2019
Si certains se posent la question de savoir quelle est la différence entre relations consenties et non consenties (=violences sexuelles ), on comprend mieux pourquoi les résultats sont si inquiétants même toucher les seins d’une fille sans son consentement c violent oui oui!
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 6 avril 2019
C’est exactement ca !
— Gilbert Bejjani (@drbejj) 6 avril 2019
Pour l'auteure, violence sexuelle = relations non concenties ou harcèlement sexuel (blagues sexistes incluse) 6/10 étant donc sous estimé
— Alban (@Doc_alban) 6 avril 2019
On ne parle pas de relations consentantes mais de violences sexuelles. Pas étonnant qu'il y en ait autant si certains ne font pas la différence.
— Urtikante (@urtikante) 6 avril 2019
Oui mais cette étude-ci c’est pas belge je crois ?!
— Jerome R. Lechien, MD, PhD, MS (@JeromeLechien) 5 avril 2019
@VGSO_Tweets fait une étude en Flandre pour le moment.
— Frederik Deman (@frederikdeman) 6 avril 2019
J’ai déjà posé la question à des stagiaires. Elles me répondaient parfois qu’il y avait des maîtres de stage « un peu lourds et dragueurs » mais que ça n’allait en général pas plus loin...
— Roland Vaesen (@vaesen_roland) 6 avril 2019
Intéressant !
— Jerome R. Lechien, MD, PhD, MS (@JeromeLechien) 6 avril 2019
J’ai rarement vu des agressions sexuelles en stage tant en Belgique qu’en France; juste des petites dragues sans aller plus loin. Curieux de voir les résultats en Belgique !
Est-il le moment de lancer le hashtag #balancetonporcenstage ? @CIUM_medecine https://t.co/uSn3ibuAI6
— Giovanni Briganti (@giovbriganti) 5 avril 2019
Cela suscite en moi 2 réactions contrastées :1/ le phénomène me too et le politiquemt correct ns rend hypersensibles et tout propos « grivois »(certes lourd mais pas méchant au fond) devient potentiellemt violent, répugnant, offensant. Cela expliquerait ces Chiffres élevés?
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 7 avril 2019
2/ces 2000 dernières années, la culture ns a brainwashé à penser que la fem est l’objet de l’homme et se doit d’accepter (avec abnégation svp) les montées de testostérone mâles qui sont indispensables à leur épanouissement. Ns acceptons l’inacceptable avec 1 haussement d’épaules
— depuydt caroline (@DepuydtCaroline) 7 avril 2019
Je suis quant à moi choquée du termes violences sexuelles qui sous-entend une infraction grave à ne pas confondre avec harcèlement. Et même, ce le chiffre dépasserait tous les autres secteurs... si c'est vrai, je plains le secteur
— Karolien Haese (@Karolien1231) 7 avril 2019