Une semaine d'arrêt maladie sans certificat médical?

Laisser les travailleurs décider de rester une semaine à la maison lorsqu'ils sont malades, telle est la proposition de Lode Godderis, professeur en médecine du travail à la KULeuven. Elle suscite des réactions en sens divers.

«Que les travailleurs soient absents quelques jours pour cause de maladie sans devoir passer chez le docteur, pourrait représenter une économie pour les finances de l’état et alléger le travail des médecins généralistes», affirme-t-il dans le Nieuwsblad de ce jeudi. Une telle mesure permettrait également de réduire le climat de méfiance entre employeurs et travailleurs. «Sur base des recherches, nous savons que les patients souffrants de pathologies légères peuvent très bien évaluer le temps dont ils ont besoin pour récupérer. Si vous donnez plus de confiance et de responsabilités aux gens, ils vont tout simplement reprendre plus rapidement le travail.»

Du côté des organisations patronales (VOKA et Unizo) on craint qu’une telle mesure n’alimente les abus. Pour Karel Van Eetvelt (Unizo), «simplement supprimer le certificat est trop facile. Il faut proposer d’autres mesures de contrôle, car il y a déjà tant de fraudes». Bart Buysse, directeur général de la FEB,  a indiqué via communiqué ne pas être fermé à la mesure car «dans certains pays, comme la Norvège, la période d’absence sans certificat médical est plus longue (3 jours). Et les entreprises belges peuvent prendre des dispositions spécifiques via le règlement de travail», ajoutant qu’il fallait néanmoins prendre en considération «les expériences et les pratiques dans les secteurs et les entreprises, et offrir des garanties suffisantes afin de prévenir les abus».

Selon Roel Van Giel, le président de Domus Medica, les médecins approuveraient la mesure. Toutefois «une semaine c’est un peu long. Mais il devrait être possible de pouvoir rester quelques fois par an, deux jours à la maison.»

Qu'en pensent les mutualités? Leurs positions sont nuancées. La MC, par la voix de Michiel Callens, directeur du service d’études, est favorable à la mesure pour de courtes périodes, parce qu’avec «le risque de pénurie de médecins généralistes, il est utile qu’ils soient là où il y a un besoin», que pour des affections mineures, telles que diarrhée ou migraine, les auto-soins sont efficaces et enfin parce que «les expériences menées à l’étranger nous apprennent que cette mesure ne conduit pas à des abus, bien au contraire. Il arrive souvent que le généraliste vienne compléter le nombre de jours de maladie à la hausse.» Pour les mutualités libérales, la mesure ne conduirait pas nécessairement à une fraude, mais si les choses tournaient mal, il n’y aurait aucun contrôle. L’idée est donc d’encadrer strictement la mesure, par exemple en exigeant de l’employé qu’il prévienne son employeur dès le premier jour de maladie et qu’il précise si son absence est ou non attestée par un certificat ou encore que l’employeur puisse se réserver le droit d’envoyer rapidement un médecin contrôleur.

En fin de journée, le Syndicat national des indépendants affirmait, quant à lui son opposition à la proposition de L. Godderis, soulignant que sans certificat il n’y a pas de preuve que l’employé est réellement malade, et qu’il faudrait alors supprimer le droit au salaire garanti en cas de maladie. Il indiquait aussi que la proposition «ne tient pas compte de la réalité quotidienne des employeurs, déjà lourdement affectés par l’absentéisme de leurs travailleurs». Une situation difficile à gérer, «en particulier pour les petites entreprises».

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.