Dans une lettre ouverte sur Facebook, le Dr Kris Permentier, urgentiste à l’AZ Sint-Blasius Dendermonde, a fait savoir son mécontentement par rapport au comportement excessif d’une patiente de 26 ans qui exigeait des soins immédiatement alors que son cas ne relevait pas des Urgences…
Voici une traduction de la lettre en question:
Chère madame de 26 ans,
J’apprends que vous vous énerviez parce que vous me voyiez passer avec un plat à manger dans la main. Vous trouviez apparemment « scandaleux » que vous n’aviez pas encore été prise en charge alors que j’étais en train de manger. Que je faisais apparemment passer ma faim avant votre maladie. Que je ne prenais pas le temps de m’occuper de vous.
Vous aviez probablement toutefois perdu de vue qu’il était entretemps 14h30. Et en effet, vous ne pouviez pas savoir qu’à cette heure-là, je commençais seulement mon repas de midi. J’aurais peut-être encore pu un peu attendre pour d’abord vous prendre en charge. Mais vous ne pouviez bien sûr pas savoir que j’étais maintenant déjà allé vite vite chercher à manger, après l’heure de fermeture du restaurant. C’était ça ou seulement manger pour la première fois de la journée à 18h. Sorry !
Ce que vous ne pouvez non plus absolument pas savoir, c’est que vous êtes présentée sur l’heure de midi à l’hôpital, aux urgences. Et, même si cela vous semble aussi probablement bizarre, presque tous les médecins sont en train de manger à cette heure, soit chez eux, soit au restaurant. Je vous avais interrogée et examinée dans les 10 minutes et vous avais envoyée en imagerie. Mais malheureusement, les collègues d’imagerie étaient partis manger à ce moment-là, à l’extérieur. Et je n’étais pas certain de l’image que je voyais, donc, pour vous traiter au mieux, j’ai décidé de demander l’avis des radiologues. Leur pause dure toutefois jusque 14h (et parfois plus), d’où j’ai aussi encore attendu pour avoir une confirmation de votre diagnostic. Vous ne vouliez quand même pas que je vous renvoie chez vous avec les mauvais médicaments ? A 14h30, lorsque vous m’avez vu manger mon repas de midi, je n’avais toujours pas de retour des radiologues… Désolé…
Entre votre consultation et mon repas de midi, je ne m’étais pas encore reposé sur mes lauriers. J’étais déjà parti avec le SMIR et entretemps, j’avais encore vu 6 autres patients. Mais cela, vous ne pouviez pas le savoir évidemment. Nous vous avons en effet offert le confort de la salle de soins où vous deviez recharger votre GSM. Et nous vous avions aussi laissé aller fumer à l’extérieur. Veuillez m’excuser de ne pas m’être seulement occupé de votre problème. La prochaine fois, je laisserai tomber des choses beaucoup plus vite.
Car allez, avouez maintenant, venir sur le temps de midi aux urgences avec une maladie qui traîne depuis trois semaines. C’était vraiment urgent, hein ? Sur ces trois semaines, vous n’aviez certainement pas trouvé le temps d’aller par exemple chez votre généraliste… Disons que vous auriez pu penser à prendre des antidouleurs. Mon repas de midi, ça, c’était scandaleux. Mais que vous n’aviez en fait rien à faire aux urgences, cela, vous n’y aviez encore certainement pas pensé…
Permettez-moi de vous dire, mademoiselle : ce sont des patients comme vous qui font exploser les chiffres de burn-out chez les urgentistes ! Les urgentistes qui quittent la profession sont pour l’instant plus nombreux que ceux qui la rejoignent, et les quelques-uns qui tiennent quand même le coup sont de plus en plus confrontés à des patients comme vous !
Et bien, je vous conseille de continuer ainsi. Bientôt, il n’y aura peut-être plus du tout d’urgentistes. Et alors, vous pourrez vous plaindre que vous devez attendre trop longtemps pour avoir votre traitement. Non pas parce que l’urgentiste est en train de manger. Mais parce que, après 3 mois d’attente, vous pourrez aller à la consultation. Pour votre « pathologie urgente » dont il ne fait nul doute !
Ce médecin a reçu un tas de messages de soutien et sa lettre a été énormément partagée.
Derniers commentaires
Jean-Pol DUFOUR
27 janvier 2018La bêtise et l'égoïsme de certains patients est sans limites.
Ce genre de situation est courant et nous ne pouvons que soutenir notre Confrère et
le remercier de "tenir le coup moralement"
Dr JP Dufour
Zbigniew KOSTRZEWSKI
24 décembre 2017Julian Kostrzewski
Prettige Kerstdagen en een Gelukkig Nieuwjaar voor alle mensen van wacht op Spoed in Dendermonde,
Jean-Luc JACQUEMART
24 décembre 2017Bravissimo !
Jean-Jacques HOUBEN
23 décembre 2017Parfaitement justifié mais bien gentil.
L'agressivité, les exigences, le mépris des patients n'ont plus de limite.
ET les chirurgiens en sont tout autant victimes.
JJ Houben
André PURNODE
22 décembre 2017Tout a fait d'accord pour votre reaction parfaitement appropriee
Alain CARON
22 décembre 2017Vous exprimez là des ressentis que nous partageons tous et qui touchent à un malaise général qui est le besoin pour certains d'une réponse immédiate à leur demande qui ne peut plus attendre un peu et dénient à l'autre sa réalité d'être humain.
Docteur Alain Caron
Michel DE LA BRASSINNE
22 décembre 2017Cet urgentiste a parfaitement raison. Toutes les consultations sont remplies de gens qui feraient mieux de voir leur généraliste ... et encore, qui pourraient souvent traiter eux-mêmes leur bobologies !
Prof Michel de la Brassinne
Dorette ASSEN A ABOUEM
22 décembre 2017Je comprend tout à fait le confrère. Les "enfants rois "grandissent en devenant des adultes égoïstes.Mon interrogation repose sur le fait que de tels patients sont t-il récupérables?Nous sommes à l'époque de " j' ai droit à tout tout de suite et tant pis pour les autres".La solidarité et les bonnes manières se perdent.