La province de Luxembourg sera le théâtre, en novembre, d’une nouvelle campagne de dépistage de la rétinopathie diabétique. Menée à l’instigation des Maisons du diabète et constituant désormais un axe du projet pilote «soins intégrés» Chronilux, l’opération a cette fois la particularité d’exploiter les potentialités de l’e-santé.
L’initiative a germé, en 2015, d’une volonté commune des Maisons du diabète et des ophtalmologues locaux de développer un dépistage de la rétinopathie diabétique en 1ère ligne, pour désengorger les consultations des seconds (les ophtalmologues sont… 14 à l’échelle de la province, pour une population de diabétiques estimée à 14.000 l’an passé, et qui aura doublé en 2030).
Vinciane Collard, infirmière experte en diabétologie et cheville ouvrière du projet, s’est inspirée de ce qui se fait déjà en France pour conférer toutes les garanties de qualité et de rigueur scientifique au process. L’étape suivante a été de l’inclure dans le circuit de l’e-santé. Le Réseau santé wallon (RSW), retrace-t-elle, «a accueilli favorablement l’idée et effectué les adaptations techniques nécessaires à son bon déroulement».
Concrètement, ça se passe comment ? «Nous comptons sur les médecins traitants pour filtrer, parmi leur patientèle diabétique, les bénéficiaires potentiels.» (*) Une première condition d’inclusion est, par exemple, de ne pas être allé chez un ophtalmologue sur les 12 mois écoulés ni d’avoir de rendez-vous dans les 6 mois qui suivent. Le MG remplit une fiche de renseignements cliniques destinée à éclairer l’ophtalmologue sur le profil du patient (diabète de tel type, diagnostiqué en telle année, traité à l’insuline ou pas, avec un équilibre bon/moyen/mauvais, etc.).
Lors d’un rendez-vous préalablement fixé avec les Maisons du diabète, une infirmière spécialisée prend deux clichés de chaque œil du patient avec un rétinographe - un appareil au départ loué, à présent acheté grâce aux deniers de la province du Luxembourg et déplacé de site en site par les soins de Vivalia. «Avec l’accord du patient, un lien thérapeutique est créé entre lui et l’un des deux ophtalmologues partenaires du projet. Les clichés pris par les infirmières sont placés sur le RSW (*), assortis de la fiche clinique. Le spécialiste visualise l’un et l’autre, puis publie son protocole et le suivi à mettre en place sur le RSW, dans un délai convenu de maximum 15 jours. Les infirmières remettent un document au patient, pour son médecin traitant, invitant ce dernier à aller voir les résultats sur le RSW.»
Qui paie quoi, dans cette chaîne d’interventions, «live» ou à distance ? «Au départ, le projet s’est construit avec des ophtalmologues bénévoles. Il devrait, avec son intégration dans Chronilux, récupérer en théorie des ‘gains d’efficience’, qui serviront à son déploiement. A ce jour, nous demandons 15€ au patient, 5€ s’il est BIM, une participation qui permet de rétribuer quelque peu les deux prestataires mais ne couvre absolument pas tout.»
L’idéal, selon Vinciane Collard, serait d’obtenir une reconnaissance des deux actes (la prise de clichés par l’infirmière et leur analyse par l’ophtalmologue), incarnée par un code de nomenclature et un honoraire spécifique. Une formule dont les Maisons du diabète souligneront les avantages, avec Chronilux, auprès des autorités de tutelle - histoire de stabiliser le dispositif.
(*) le patient peut également venir de sa propre initiative
(**) quand l’infirmière repère un cliché pathologique, un «circuit court» est prévu, supposant un contact téléphonique avec le médecin