L’avenir du secteur hospitalier est à la croisée des chemins en cette année 2023. Le nouveau directeur général de Vivalia, Pascal Mertens, est conscient des nombreux défis qui vont l’occuper et des impacts des réformes en cours du ministre fédéral de la santé Frank Vandenbroucke.
« Le projet Vivalia 2025 est très attractif avec deux hôpitaux aigus (Marche et le nouvel hôpital), mais aussi un réseau de santé de proximité (les polycliniques Vieslalm, Virton) et que l’on va développer notamment dans les centres urbains où il n’y aura plus d’hôpitaux aigus (Arlon, Libramont et Bastogne). C’est le projet mobilisateur pour maintenir des soins de qualité en province du Luxembourg. Il n’y a pas d’alternative. Nous devons réintroduire le dossier complet (plusieurs milliers de pages) avant le 15 avril. Nous sommes dans l’attente de l’obtention du permis. Nous avons intégré le volet énergétique notamment avec une cogénération qui sera peut-être bois au lieu du gaz. Notre projet est au top en matière environnementale et énergétique et cela a fait plaisir à la BEI qui devrait dès lors financer notre projet. »
Quelle taille l’hôpital de demain ?
« Aujourd’hui, la prise en charge des patients évolue de plus en plus vite, les besoins en nombre de lits ne seront plus les mêmes dans quelques années. Nous avions un projet de 660 lits et nous étudions différents scénarios...même si je sais que certains médecins sont très attentifs au nombre théorique de lits...mais de mon côté je dois être certain d’avoir assez de personnel et d’être capable d’adapter les pratiques. »
Qu’est-ce qui pèse sur votre budget ?
« Nous avons chez Vivalia les mêmes défis que dans les autres hôpitaux, mais certains axes sont plus pointus. Il y a quatre grands défis dans les hôpitaux : la médecine, la technologie, les briques et les ressources humaines. Nous devons aussi faire face aux poids des pensions dans les hôpitaux publics. »
Un mot sur le financement et la réforme de la nomenclature, cela vous inquiète ?
« Si on demande à des équipes spécialisées, notamment universitaires, de réfléchir sur des réformes sérieuses, on doit être optimiste à propos de cette réforme. Maintenant, soyons clair, il ne faut pas faire cette réforme pour faire des économies. Si on fait des économies de 15% sur la biologie, il faut les réinjecter. Ce qui m’inquiète, c’est le calendrier. Les élections sont en 2024. Aura-t-on le temps d’aller au bout de la réforme ? Si le prochain ministre remet en cause tout ce qui a été fait si la réforme n’est pas terminée, ce sera une catastrophe. Mais je reste optimiste parce que je sens une prise de conscience de tous les acteurs. »
La cybersécurité après votre attaque ?
« S’en prendre à un hôpital, c’est criminel. Nous avons investi beaucoup de moyens pour avoir à nouveau un système de qualité. Nous n’avons pas perdu de données capitales. Nos équipes se sont investies pour tout remettre en état et gommer nos faiblesses et mieux harmoniser nos systèmes et nos sites. Aujourd’hui, nous sommes très sécurisés. En 2022, nous avons dû dégager des moyens importants et les investissements de 3 ou 4 ans. La cyberattaque impacte le budget 2023 à hauteur d’1 million d'euros, répartis en budgets de fonctionnement et d’investissement. »
Vous avez pris du retard au niveau du réseau ?
« Vivalia est le premier réseau qui a été créé il y a 12 ans. Ils étaient visionnaires...mais on est finalement le dernier à être reconnu au niveau de la Wallonie. Nous devons donc nous remettre en marche. »
Quelle est votre réflexion par rapport à l’e-santé et l’intelligence artificielle ?
« A titre personnel, je suis favorable à l’intelligence améliorée. Cela remet bien l’humain au centre du débat ce qui est fondamental pour les médecins par exemple en oncologie et en radiologie. Je suis convaincu et Vivalia est à la pointe en la matière avec les Assises de l’e-santé organisées chaque année avec la Province de Luxembourg. Nous travaillons aussi avec des téléconsultations avec la prison de Marche. »
Où en est la question des centres AVC ?
« C’est clair que si l’on prend les critères bruts, nous avons un souci, mais la ministre régionale a rappelé qu’il faut penser à des exceptions aux règles. C’est une question de santé publique. On ne peut pas imaginer qu’il n’y ait pas de centres AVC– S2 en province de Luxembourg. »
Vous aurez aussi un héliport ?
« Le nouvel hôpital aura un héliport In et Out. La question des transferts non-urgents est encore au centre de la réflexion chez nous quand l’hélicoptère n’est pas indispensable. Nous avons de 3 à 5 ans pour concrétiser un plan de transition qui va nous permettre de basculer dans un nouveau mode de fonctionnement. Nous pourrions investir dans notre propre vecteur de déplacement, c’est en tout cas une des pistes de réflexion. »
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