Le Spécialiste a demandé à deux fins connaisseurs du financement hospitalier de commenter à chaud le plan de réforme du financement hospitalier.
Dr Demeere (GBS): «Quel réseau?»
«La proposition de la ministre est intéressante et très diplomatique. Forfaits avec ou sans variabilité pour les actes, maintien de la nomenclature mais en toute transparence et ‘évolution’ sans révolution qui dépassera l’échéance de la législature», commente Jean-Luc Demeere.
Le président du Groupement belge des spécialistes (GBS) craint davantage les effets de la mesure qui prévoit que ce seront, à l'avenir, les réseaux hospitaliers et non plus les hôpitaux qui recevront les investissements lourds. «Parlons nous de Zorgnet Vlaanderen, d’un réseau universitaire (UCL versus ULB versus ULg), d’un réseau public et privé? Le réseau et ses investissements priment sur la répartition géographique territoriale définie (dans le rapport N°229) en fonction des besoins locaux des patients», analyse le Dr Demeere. «Reste aussi le problème de la nomenclature.»
Dr de Toeuf (Absym): «Les médecins ont déjà leur mot à dire depuis 1987»
«Le gouvernement voulait au départ réformer le financement hospitalier, or de nombreux points de la note de la ministre De Block concernent le paysage hospitalier, l’articulation des soins, l’extra-muros et les réseaux. Il y a aussi une certaine centralisation des investissements lourds. Le réseau recevra le financement hospitalier qu’il répartira entre ses membres. Il faudra suivre de près ces idées, très proches de Zorgnet Vlaanderen. Le diable n’est pas dans l’intention mais dans les résultats. On nous a promis qu’on pourra faire part de nos remarques. Nous allons le faire», précise le vice-président de l’Absym.
«Je suis inquiet de voir que la déclaration gouvernementale maintenait le financement à l’acte mais que la réforme prévoit le financement forfaitaire d’une série de pathologies répétitives», souligne le syndicaliste. «J’imagine que cela rejoint le concept des montants de référence. Cette proposition contredit l’accord gouvernemental. Je suis curieux de voir comment elle va passer auprès du gouvernement. Il faut aussi prévoir un mécanisme permettant de demander des suppléments d’honoraires.»
La division annoncée de l’honoraire médical en une partie «professionnelle» et une partie «frais» effraye le Dr de Toeuf. «C’est une sorte de ‘all-in’. C’est aussi une idée de Zorgnet Vlaanderen. En échange, Maggie De Block dit que les médecins auront leur mot à dire à l’hôpital. Normalement, les médecins ont déjà leur mot à dire depuis 1987… Il n’est malheureusement pas souvent respecté. Entre pouvoir s’exprimer et pouvoir co-décider, il y a une marge… Je ne fais pas de procès d’intention mais notre syndicat sera très attentif quant à la suite des travaux.»