Dieter Goemaere, Directeur «Hôpitaux Généraux» de GIBBIS, constate que l’étude MAHA de Belfius «prouve que la situation financière des hôpitaux généraux, déjà fragile avant la crise du Covid-19, est en péril. Près d’un hôpital sur trois est en perte, les autres dégagent une très faible marge.»
GIBBIS préconise de ne plus se contenter de soigner les symptômes, mais d’appliquer un traitement à court et à long terme aux finances des hôpitaux. Ceci, afin que le secteur hospitalier puisse continuer à proposer des soins de qualité, accessibles à tous les patients. «Aujourd’hui, le secteur fait plus que jamais face à des défis majeurs : le système de financement doit être réformé en profondeur, le coût de l’énergie et des matériaux a augmenté de manière exponentielle, l’inflation a un impact sur les salaires et sur les frais de fonctionnement des hôpitaux.»
Un appel aux autorités
Face à ce constat, GIBBIS lance un appel pressant pour que les autorités prennent soin de la santé financière du secteur hospitalier. «A court terme, pour maintenir les hôpitaux à flot, GIBBIS demande une aide adaptée pour faire face aux coûts de l’énergie. L’aide octroyée pour le 1er semestre 2023 doit être évaluée, prolongée et renforcée. GIBBIS insiste aussi pour que l’indexation des honoraires puisse être anticipée. Actuellement, cette indexation se fait avec un an et demi de retard, ce qui pèse lourdement sur les finances des hôpitaux. La Fédération propose par ailleurs qu’un budget supplémentaire de 45 millions € pour les institutions hospitalières bruxelloises soit prévu pour améliorer l’efficacité énergétique et réduire l’empreinte écologique.»
La question des frais
A plus long terme, GIBBIS souhaite obtenir la garantie que les frais légitimes des hôpitaux soient entièrement couverts. La fédération accueille favorablement les projets de réforme du financement des hôpitaux, mais insiste sur la nécessaire concertation avec les acteurs du secteur ainsi que sur la concomitance des mesures : les réformes et le refinancement des budgets hospitaliers doivent se faire en parallèle.
Enfin, et c’est un point qui tient particulièrement à cœur à la fédération, il faut continuer à travailler sur l’attractivité de la profession. «A Bruxelles, les exigences en termes de bilinguisme ou les questions de mobilité compliquent encore le recrutement. Le financement de mesures telles que l’augmentation des frais de déplacement pourrait contribuer à renforcer l’attractivité de la profession, même si d’autres aspects doivent aussi être envisagés.»
Quelques chiffres clés
- Coûts de l’énergie : + 61 % sur 1 an (1er semestre 2021 – 2022). Evolution prix du gaz (début 2021 – fin 2022) : multiplié par 6, évolution prix de l’électricité (début 2021 – fin 2022) : multiplié par 3 - Coûts de construction : + 25 % entre nov. 2021 et nov. 2022
- Indexation des salaires : entre début 2022 et fin 2023 : 15,64 %. Indexation des recettes d’honoraires sur la même période : 8,93 %. Les honoraires représentent 40 % du chiffre d’affaires des hôpitaux généraux (7,1 Mia €)
- Postes vacants : 4.690 ETP fin 2021 (+ 36 % en 2 ans)
Spécificité du secteur hospitalier à Bruxelles
- Investissements en développement durable nécessaires dans les hôpitaux bruxellois en 2023 et 2024 : 45 Mio €
- 35 % des patients proviennent d’autres régions du pays
- 34,9 % de la population bruxelloise présente un risque de pauvreté (contre 19,4 % moyenne nationale), ce qui entraîne des besoins en matière de santé plus importants
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