Lors de la Journée d’échanges entre la première et la deuxième ligne, sur la thématique «Comment articuler la première et la deuxième ligne pour un trajet de soins et d’accompagnement optimal du patient», organisée par la PPLW, plusieurs acteurs (1) ont débattus de la nécessité d’une meilleure coordination entre les différentes lignes de soins.
Le Pr Jean-Luc Belche, professeur au département de médecine générale et médecin généraliste à l'Université de Liège, est revenu sur l’importance de la concertation entre la première et la deuxième ligne et sur les avancées réalisées. «J’ai fait ma thèse sur ce sujet en 2016 et j’ai l’impression que les conclusions en 2024 restent les mêmes. Cela s’explique par différents éléments : actuellement, la première et la seconde ligne sont soumises à des contraintes qui semblent potentiellement séparées, mais qui ne le sont pas tant que cela, comme les modes d’organisation et de financement qui sont distincts.»
Les OLS, un atout
Cela complique, selon lui, la possibilité de trouver des solutions pour l’une ou l’autre. «Un exemple typique: la fréquentation des urgences. Cette problématique ne se règle pas dans les urgences, mais en médecine générale. Il faut donc des politiques mieux coordonnées au niveau des financements ou via des territoires de concertation partagés entre la première et la deuxième ligne. Il faudrait un couplage entre les OLS (organisations locorégionales de santé) à venir et les réseaux hospitaliers.»
Pour lui, il est nécessaire de mettre en place une structuration de type "bassin de vie" centrée sur la population plutôt que sur les réseaux hospitaliers. «Dans un monde idéal, Proxisanté aurait dû être créé avant les réseaux hospitaliers. Je sais qu’il y a des dynamiques régionales et fédérales qui peuvent être différentes, mais c’est comme si nous avions installé le second étage avant le premier dans une maison.»
Un autre financement
Le moment est venu, selon lui, d’inscrire la médecine générale dans une conception élargie de la première ligne. «Cela permettrait de pallier en partie la problématique de la pénurie: même s’il faut évidemment plus de généralistes, il convient de travailler en première ligne avec les pharmaciens, les infirmières… La répartition des tâches peut se faire de manière plus harmonieuse. Permettre un partage pour faire évoluer la pratique de la médecine générale est essentiel. J’ai bien conscience qu’il existe encore des réticences syndicales à ce sujet. Il est évident qu’il faut défendre certains aspects du quotidien des généralistes, mais on peut réfléchir à d’autres modèles de financement. Nous arrivons doucement à la fin de la logique de l’acte.»
La plateforme de première ligne, la PPLW, permet, selon lui, de faire émerger des débats en dehors des réflexes corporatistes. «Par ailleurs, les OLS peuvent connaître des réalités différentes selon les territoires et offrir une véritable connexion à la réalité du terrain en fonction des ressources et des besoins locaux. L’OLS pourrait, en outre, fournir des professionnels au service des autres professionnels de santé.»
Coppieters: Mieux utiliser les compétences de chaque professionnel
De son côté, le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters, a fait le point lors de cette journée sur ses objectifs: «Les représentants de la première ligne de soins en Wallonie sont au cœur du système de santé. L’avenir de Proxisanté est un projet à consolider. Si la préparation du décret a permis de constituer un socle solide, nous savons que des ajustements sont nécessaires pour le rendre pleinement opérationnel.»
La première ligne joue un rôle central dans la prévention et le dépistage précoce, tandis que la deuxième ligne intervient lorsque les pathologies deviennent plus complexes. «Nous devons aussi réfléchir à des stratégies innovantes qui permettent de mieux utiliser les compétences de chaque professionnel, tout en évitant la surcharge administrative. Cette articulation doit se faire de manière fluide, au service du patient, et cela nécessite des protocoles de communication clairs et une interopérabilité des outils numériques, pour laquelle le développement de l’e-santé jouera un rôle fondamental.»
Simplification administrative: redonner du temps aux soignants
Le ministre Coppieters ajoute: «Un autre chantier qui me tient à cœur est celui de la simplification administrative. Trop souvent, les soignants se retrouvent accablés par des tâches administratives qui leur prennent un temps précieux, au détriment de leur mission première: soigner. Nous devons trouver des solutions concrètes pour alléger cette charge.»
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