Pour sa première interview avec Le Spécialiste, le nouveau directeur général de Vivalia, Pascal Mertens, est conscient des nombreux défis qui vont l’occuper. Il a retroussé ses manches immédiatement en allant au contact de ses équipes.
« C’est une volonté de proximité, de dialoguer. Il faut gérer les hôpitaux autrement aujourd’hui et prendre en compte tout ce que le personnel, les infirmières et les médecins ont connu depuis 3 ans. C’est ma priorité. » Pour l’avenir, il compte sur les forces médicales de Vivalia.
« Nous avons de multiples spécificités sous-régionales : la cardiologie à Arlon avec un médecin réputé qui réalise des pontages très spécifiques. A Marche, nous avons un médecin spécialisé dans les pieds diabétiques. A Libramont, nous avons la clinique du poids qui est une référence avec un chirurgien de qualité. Nos labos ont réalisé un travail incroyable pendant le covid. Au niveau de la province, nous avons eu un service de PMA qui fonctionnait très très bien. Nous avons des chirurgiens du sein qui réalisent un travail de grande qualité mais nous n’avons plus pour l’instant d’agrément pour le sein alors que nous rentrons dans les conditions. Nous allons donc nous battre. Pour le rachis, nous mettons aussi en place des collaborations transversales au niveau provincial. »
Les médecins seront au centre du projet ?
« Je m’adresse beaucoup à la génération des jeunes médecins en leur disant : Vivalia 2025, c’est votre projet, votre outil de travail de demain. Ils s’investissent dans les groupes de travail. »
La démission du Directeur général aux Affaires médicales a eu un impact ?
« Le Dr Pierre a apporté beaucoup et va encore apporter beaucoup dans les prochains mois dans d’autres fonctions car il veut s’inscrire dans la dynamique et les projets pilotes que nous mettons en place. On a besoin de gens comme lui. C’est une mauvaise nouvelle mais aussi une opportunité d’attirer des compétences différentes. »
Vous avez déjà un candidat ?
« Les médecins qui le souhaitent peuvent postuler. Le poste est attractif et il sera ouvert de début janvier jusque fin janvier. »
Un autre poste de Direction va être ouvert ?
« Nous allons nous mettre à la recherche d’un nouveau Directeur de ressources humaines parce que la personne qui est en charge va prendre sa retraite en 2024. »
Avec la pénurie, avez-vous fermé des lits ?
« Nous en avons fermé sur chaque site (Arlon, Bastogne, Marche...). Tous nos sites ont été touchés de près ou de loin par la pénurie. »
Vous avez aussi un problème fical avec vos travailleurs français ?
« En effet, nous avons un risque de concurrence déloyale avec la possible modification de la taxation des travailleurs français venant exercer en Belgique. Jusqu’à présent, ils sont taxés en France mais une proposition du ministre des Finances a été faite de les taxer en Belgique aussi à partir du 1er janvier 2023. Cela abaisserait leur salaire net. L’entrée en vigueur potentielle de la mesure a été reportée au 1er janvier 2024. Nous voulons évidemment, avec les députés fédéraux de la province et le personnel qui a crée un collectif, et d’autres hôpitaux publics comme l’hôpital Ambroise Paré, les Marronniers à Tournai, l’hôpital de Chimay et l’hôpital de Bruges ..., que cette mesure soit supprimée ou qu’il y ait un moratoire. »
Comment va votre personnel ?
« Dernierement, j’ai participé à une assemblée de médecins à Libramont-Bastogne. Un médecin m’a interpellé sur le bien-être des médecins. Nous travaillons déjà sur des projets pour le bien-être des infirmières, des personnes des services techniques et nous allons aussi agir pour améliorer le bien-être des médecins spécialistes. Nous avons été attentifs à ce qui fonctionnait ou pas dans les autres hôpitaux en la matière. Ils souffrent aussi de patients beaucoup plus agressifs. L’agressivité verbale est en hausse. »
Les infirmières aussi sont à bout évidemment ?
« Nous avons des personnes qui démissionnent aujourd’hui parce qu’elles sont au bout du bout : à la fois à cause de la fatigue et du manque de reconnaissance. Elles se posent à raison la question du sens. »
Comment luttez-vous contre la concurrence luxembourgeoise ?
« Le constat est simple : pour une infirmière qui a trois ans de métier, et qui ne fait pas trop de prestations inconfortables, il y aura une différence en net du simple ou double. Maintenant, nous en avons aussi quelques-unes qui sont revenues parce que les conditions de travail sont différentes. »