Négociations fédérales : les blocages et les avancées en matière de santé

Depuis plus d’un mois, les discussions autour de la thématique de la santé ont commencé entre les cinq partenaires de la coalition Arizona formée de la N-VA, du CD&V, de Vooruit, du MR et des Engagés. À ce stade, aucun accord n’est prévu avant la fin du mois de septembre. Mais sur quels dossiers les partis avancent-ils ou bloquent-ils ?

Autour de la table, on retrouve les experts de la santé des différentes formations ainsi que les présidents de parti ! Une présence qui peut surprendre mais qui est logique. En effet, les enjeux financiers sont tels qu’il convient de garder un œil sur la ventilation des futures promesses dans la négociation. À cela, il faut ajouter les avis assez divergents entre la droite et la gauche sur la norme de croissance (maintien, baisse ou augmentation). Tous les ingrédients sont donc là pour que les conversations soient tendues. Mais où en est-on vraiment alors que les négociateurs ont pris quelques jours de repos ?

Les tensions et les programmes

« À ce stade, il n’y a ni accord ni conclusion sur l’ensemble du dossier de la santé », nous dit une des personnes autour de la table. « On peut comprendre que, dans une première phase, Bart De Wever ait envie d’appliquer l’ensemble de son programme, mais cela ne peut évidemment pas se passer comme cela dans une véritable négociation », évoque un autre intervenant. L’attitude de Frank Vandenbroucke irrite aussi certains : « Il est ministre de la Santé, et il a une légitimité, mais il donne quand même l’impression aux autres qu’ils n’y connaissent rien en santé. Nous avons le droit d’avoir d’autres opinions que les siennes. Il a le devoir de les écouter... et surtout d’en tenir compte », ajoute un autre expert.

Sur quels dossiers les partis avancent-ils ?

Parmi les points où les différents intervenants tendent vers un début d’accord, il y a :

- La réforme des financements et de la nomenclature, avec la demande des Engagés, du CD&V et du MR que cela soit mis en place le plus rapidement possible. Ils veulent un rapport et un état des lieux actualisé pour 2024. « Il faut un plan d’action pour 2025. C’est primordial. »
- Une volonté de simplifier rapidement les charges administratives des prestataires de soins. Une concertation sera prévue avec les prestataires de soins pour voir ce qui est améliorable rapidement. L’objectif est clair : redonner du temps aux médecins pour soigner.
- Améliorer rapidement l’organisation des services de garde de médecine générale avec un triage des urgences et l’opérateur 1733. Une augmentation du financement du personnel administratif est notamment évoquée.
- Améliorer l’accès des patients aux traitements innovants et maintenir les contrats confidentiels pour assurer un prix juste pour les patients.
- Favoriser le développement d’applications mobiles et la digitalisation du secteur de la santé. Avoir des projets-pilotes concrets au sein des hôpitaux avec une plus-value médicale pour le secteur.
- Améliorer le partage des données entre les entités et le rendre plus accessible pour les médecins dans le suivi de leurs patients.
- Développer un plan fédéral sur les maladies rares.
- Élaborer un projet de plan de santé mentale avec le médecin généraliste comme acteur de santé central pour le patient, notamment dans les cas de détresse psychologique. À cela s’ajouterait le travail de psychologues de liaison pour le suivi.
Sur quels dossiers les partis bloquent-ils ?

- La réévaluation du New Deal est en discussion, mais à ce stade, les points de vue ne s’accordent pas.
- Dupliquer le New Deal ? Le ministre Vandenbroucke, selon certains intervenants, souhaiterait dupliquer la réflexion du New Deal à d’autres professions de la santé. Tout le monde ne partage pas cette vision.
- Aucun volet prévention n’est prévu. Certains partis, comme la N-VA notamment, maintiennent que le fédéral n’a pas d’argent à injecter dans ce volet de la santé qui n’est plus fédéral.
- Aucun accord pour mettre en place un nouveau plan Cancer ou un plan pour les maladies cardiovasculaires. Le sujet n’est même pas évoqué à ce stade dans les notes. Une évolution du Plan Alcool n'est pas non plus à l'ordre du jour.
- Délégation des tâches : un gros désaccord entre les intervenants à ce stade. Frank Vandenbroucke serait prêt à créer de nouveaux profils de santé pour la première ligne. Les contours sont encore assez flous. Cela amène des crispations importantes autour de la table. Pour lui, selon certains intervenants, la délégation des tâches devrait permettre de répondre aux pénuries d’infirmières, principalement, et de médecins généralistes. Certains experts sont toutefois inquiets à propos de la qualité des formations de ces nouvelles personnes qui intégreraient les soins de santé et qui ne sont ni infirmières ni généralistes.
- Aucune volonté de la part du ministre actuel de la Santé, et de certains autres partis, de faire évoluer les quotas Inami pour les médecins.
- Pénurie de spécialistes : pour certains partis, il n'est pas question, à ce stade, pour le fédéral, de se saisir de cette question. Ils renvoient la balle aux Communautés qui ont la planification de l’offre médicale dans leur compétence.
- L’avenir des Mutualités : le dossier est bloqué entre les positions du MR et de la N-VA d’un côté et de Vooruit de l’autre.

En somme, malgré certaines avancées, les négociations fédérales sur la santé restent marquées par des divergences qui devront être surmontées pour parvenir à un accord global, car, comme le dit un des acteurs: « La méthodologie n’est pas bonne pour le groupe de travail santé. Elle va devoir évoluer pour que l’on avance efficacement. »

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