La Coordination des ONG pour les droits de l'enfant (CODE) s'inquiète des atteintes aux droits des enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles placés pour une "durée excessive" à l'hôpital, dans une étude publiée mardi. A la demande des ministres de l'Enfance, Alda Greoli et de l'Aide à la jeunesse, Rachid Madrane, la CODE a dressé un état des lieux de la situation de ces enfants dits "parqués" et élaboré une série de recommandations.
Un enfant peut être placé pour des raisons médicales ou pour établir un bilan psychomédicosocial à l'hôpital par le service des urgences (amené par ses parents, un proche ou encore par la police en situation de crise), la maternité, le service de pédiatrie ou sur demande de l'aide à la jeunesse. L'enfant est souvent confronté à des difficultés multiples: difficultés personnelles rencontrées par les parents, suspicions de maltraitance ou maltraitance avérée, difficultés matérielles ou financières, difficultés à assumer le rôle parental et/ou difficultés relationnelles entre adultes au sein de la famille (notamment violence conjugale).
Cependant, il arrive que l'enfant reste hospitalisé alors que sa présence à l'hôpital n'est plus nécessaire ou placé en urgence par manque de place dans les structures d'accueil. La durée excessive du séjour de l'enfant à l'hôpital peut aussi être expliquée notamment par la difficulté de trouver une solution adaptée pour les enfants à profil spécifique (handicap, pathologie complexe, ...) ou encore la difficulté de trouver un lieu qui puisse accueillir l'enfant en journée.
La CODE estime que l'hospitalisation à durée excessive malmène nombre des droits de l'enfant: intérêt supérieur de l'enfant, droit à l'éducation, droit aux loisirs et à la culture, etc. L'hôpital "ne peut être considéré comme un lieu d'hébergement adapté aux besoins de l'enfant à long terme", sauf pour des raisons médicales, souligne l'organisation. Pour les enfants âgés de moins d'un an, des risques de troubles de l'attachement ou des retards dans leur développement peuvent survenir. Pour ceux âgés d'un à trois ans, il est surtout difficile de leur trouver des occupations adéquates et stimulantes.
L'hospitalisation peut également devenir une source d'anxiété. Il existe enfin un risque pour l'enfant de tomber malade.
L'étude relève par ailleurs que les données relatives aux enfants "parqués" sont lacunaires. Selon l'aide à la jeunesse, en 2014, 275 enfants âgés de 0 à 6 ans ont été pris en charge par un hôpital sur demande de l'aide à la jeunesse, principalement dans le Hainaut et à Bruxelles.
La CODE recommande de limiter au maximum la prise en charge hospitalière grâce à la prévention. Elle préconise également une meilleure concertation entre les acteurs, une amélioration de la communication et des aménagements de la procédure comme une harmonisation des délais à Bruxelles et en Wallonie.
En octobre, la Fédération Wallonie-Bruxelles avait affirmé sa volonté de mettre un terme aux bébés parqués à l'hôpital. Un budget supplémentaire de sept millions d'euros a ainsi été prévu au budget 2017 de la Fédération pour créer de nouvelles places pour accueillir ces bébés, notamment en créant deux centres d'accueil d'urgence (les CAU) ou de nouvelles places résidentielles en Services d'accueil et d'aide éducative, consacrées aux jeunes enfants.