Le Soir a fait une Une remarquée sur la «pénurie programmée» de MG francophones. Il annonce que ceux-ci seront moitié moins d’ici 20 ans, en s’appuyant sur des prévisions de la commission de planification. Du côté de l’ABSyM, on tient à rappeler, entre autres, qu’une limitation du nombre d’étudiants est indispensable pour garantir la qualité de leur formation. L’éclairage du Dr Bernier.
Michaël Bernier, de la Chambre syndicale Hainaut, Namur et Brabant wallon, pointe d’entrée de jeu le combat de son syndicat pour la revalorisation de la médecine générale, et ce sur deux plans. D’une part, sur celui de la notoriété du métier. «Cela fait d’ailleurs 20 ans qu’on plaide pour sa reconnaissance en tant que spécialité à part entière». D’autre part, sur le plan de la revalorisation pécuniaire de la profession: «+ 70% en revenus bruts, + 42 % si on tient compte de l’inflation les 12 dernières années», détaille le syndicaliste hennuyer.
Dans le débat sur la densité médicale et le contingentement, il estime «qu’il n’existe pas de réponse univoque au problème». Il procède au passage à un petit rappel, pour contrer une erreur persistante qui pollue parfois le débat: «la commission de planification [dont les chiffres servent de base au dossier du Soir ndlr] est compétente pour dire de combien de médecins la Flandre et le pays francophone ont besoin. En revanche, la répartition entre les spécialités différentes, en ce compris la médecine générale, est une matière qui a été communautarisée.»
Michaël Bernier met en avant tout l’intérêt du cadastre wallon en finition, «un peu plus scientifiquement établi » et « en concertation avec les acteurs de terrain». Ce recensement, dont Medi-Sphere vous avait livré en primeur les premiers enseignements (lire par ailleurs sur ce site), dénote effectivement un «problème d’adéquation des forces de travail», commente-t-il.
Il est réticent à ce qu’on recoure à la notion d’ETP (équivalent temps plein) pour calibrer et résumer l’activité, «en autant d’heures ou en autant de patients», d’un métier tel que celui de MG. Et il fait observer que «la coercition n’a jamais été une solution et qu’une solution unique telle les maisons médicales ne peut recouvrir l’ensemble de la problématique et ne peut donc être une réponse suffisante». Et d’illustrer par un calcul que Marc Moens avait fait en prévision d’un Comité de l’assurance, à l’Inami: pour assumer «38 heures ou 19 à mi-temps avec toute une série d’autres facilités coûteuses, la Belgique aurait besoin de plus 60.000 généralistes».
Assurer la qualité de formation
L’ABSyM est donc défavorable à l’idée qu’on fasse, si on peut dire, ‘tourner la planche à diplômes’ pour colmater les manques redoutés? «J’aimerais rappeler que la décision d’instaurer un numerus clausus, dans les années 90, a été une décision unanime. Il y avait accord entre toutes les parties: les syndicats, les mutuelles, les universités, des représentants des étudiants... On l’oublie souvent.» Du reste, les ‘vannes’ ont déjà, depuis, été réouvertes, puisque les quotas ont augmenté, poursuit-il. Encore une clarification: «le numerus clausus, cela répond aussi à un souci de qualité de formation. Quand nous prônons une limitation, notre but n’est absolument pas d’empêcher des jeunes d’arriver dans notre profession. Notre but est de garantir que les futurs médecins reçoivent bien une formation de qualité.» Ce qui ne sera pas le cas s’ils sont trop nombreux dans les auditoires et les lieux de stage…
«L’ABSyM est farouchement opposée à recréer des officiers de santé», ajoute-t-il encore, soit ces espèces de ‘sous-médecins’ du 19ème siècle. «Ce n’est pas en diminuant les actes du MG qu’on obtiendra une meilleure santé pour la population, bien au contraire.» Et de lancer au passage une pique vers l’actuel chantier des projets pilotes soins intégrés aux malades chroniques. «Pour le choix des projets pilotes, dans le jury, il n’y a qu’un seul médecin. C’est assez interpellant, n’est-ce pas?»
Le jeune syndicaliste fait encore observer que certaines universités tentent de changer les mentalités en mettant en avant la médecine générale (notamment via un stage dès les années de bachelier) «On ne peut qu’espérer que cela continue et que cela s’amplifie. On se doit soutenir ces initiatives.»
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